Comme l’a démontré l’issue du bras de fer entre le gouverneur de la banque centrale argentine et l’exécutif, les relations entre les banques centrales et le gouvernement ne sont pas aisées, surtout en période de crise économique. En Argentine, le chef de la banque centrale a tout simplement été remercié, puis réintégré dans ses fonctions par une décision de justice pour finalement démissionner quelques jours plus tard. Au Japon, où les relations entre la banque centrale et le Ministère des Finances ont toujours été très étroites, le dernier exerçant une quasi-tutelle sur le premier, le nouveau gouvernement pousse la BoJ à de plus amples mesures pour lutter contre la crise, ce que l’institution se refuse à faire pour l’instant.
Dans l’île Maurice, la détérioration des relations entre le chef de la banque centrale et le pouvoir politique a abouti à une issue presque identique au cas argentin. En effet, le contrat de gouverneur de la Banque de Maurice de Rundheersing Bheenich n’a pas été renouvelé selon les premières informations dévoilées par la presse. L’ancien ministre des Finances a connu, au cours des trois années pendant lesquelles il a été à la tête de la politique monétaire de son pays, de nombreux bras de fer avec le gouvernement. Il a souvent été placé en minorité au sein du comité de politique monétaire et sa gestion administrative de la banque centrale a fait l’objet de nombreuses critiques. Ila notamment été désavoué par son conseil d’administration après avoir changé de poste trois cadres de la banque qui ont ensuite été réintégrés dans leur fonction initiale. Enfin, dernièrement, c’est la nomination d’un conseiller juridique qui a fait l’objet de nombreux remous. Suite aux nombreux scandales qui ont éclaboussé l’institution, le gouvernement a décidé de mettre un place un comité ad hoc pour étudier les points polémiques de la gestion de l’ancien gouverneur qui est remplacé pour le moment par son adjoint.
Cette affaire souligne une nouvelle fois à quel point les relations entre les banques centrales et le pouvoir politique sont compliquées. Bien que généralement indépendantes, les banques centrales font face, dans leur gestion quotidienne et encore plus lorsqu’il est question de politique monétaire, d’une forte pression du gouvernement qui souhaite généralement imposer son agenda. Dans le cas mauricien, les torts semblent apparemment partagés puisque le train de vie à la banque centrale de Rundheersing Bheenich a également été pointé du doigt par ses détracteurs. Seule une enquête totalement indépendante permettra de démêler le vrai du faux.