On a souvent tendance en Occident à critiquer la Chine sur de nombreux sujets, des droits de l’homme à sa politique monétaire et commerciale. Récemment, nous nous sommes fait échos de critiques portés à l’encontre de la Chine et de sa politique du Yuan faible.
Nous avons expliqué que les critiques étaient erronées et que dans la mesure où quelqu’un subissait un préjudice de cette politique, c’était le consommateur chinois et personne d’autre. De facto, les autres pays se font subventionner pas la Chine et ne devraient pas se plaindre.
Il a donc été quelque peu surprenant, et réjouissant, d’entendre les déclarations du Premier Ministre chinois Wen Jiabao, qui a promis dimanche de se battre pour le libre-échange et qui a récusé les dévaluations compétitives comme étant un instrument de protectionnisme à rejeter.
Wen s’exprimait à l’occasion de la session annuelle du Parlement national, qui a voté pour maintenir la dépense gouvernementale à un haut niveau, bien que seulement à la moitié du niveau de l’année dernière, afin de contrebalancer les turbulences économiques.
En particulier, de belles augmentations ont été accordées à l’éducation, aux pensions et à l’habitation à coût modéré, soit disant pour distribuer de manière plus « équitable » les fruits de la croissance parmi les Chinois des zones rurales et des classes ouvrières. Du parler politicien pour acheter le peuple en le taxant et en lui rendant ensuite des « avantages », mais ce type de comportement est caractéristique des politiciens de par le monde.
Wen s’en est pris à de nombreuses reprises aux États-Unis et a critiqué son attitude agressive et non-constructive. Il a élaboré sur la forte reprise économique chinoise et sur la possibilité de maintenir la reprise économique globale actuelle.
Wen, le numéro 3 dans la hiérarchie du Parti communiste chinois et le responsable en charge de l’économie du pays, a parlé du dort taux de chômage, de la crise de la dette dans des pays étrangers, comme la Grèce, ainsi que des forts déficits gouvernementaux.
En Chine, les craintes touchent essentiellement à l’inflation, et à la dépendance des sociétés sur le crédit et les prêts pas chers des plans de stimulus, qui ont permis à la Chine de se maintenir l’année dernière.
« Toutes ces raisons pourraient causer un revers à l’économie, voire même une rechute en forme de W », a-t-il dit.
Wen a parlé avec une ouverture caractéristique et a même dit que si les problèmes économiques restaient sans solution, le pouvoir du Parti communiste pourrait être en danger. La combinaison la plus toxique restant l’inflation, le fossé des revenus entre les riches et les pauvres et la corruption, et ces trois problèmes touchent la Chine aujourd’hui.
Wen a ajouté que ces facteurs « pourraient être suffisamment forts pour affecter la stabilité sociale et même la stabilité de la puissance de l’État ».
La direction chinoise ne fait que rarement des conférences de presse, mais il utilise souvent la réunion du Parlement pour faire passe des messages à la communauté internationale et au public chinois lui-même.
Wen en a donc profité pour repousser les critiques en provenance du monde, et en particulier des États-Unis et d’autres gouvernements, à propos du Yuan et des pratiques commerciales chinoises.
Il a donc réitéré que la monnaie chinoise n’était pas sous-évaluée, notant au passage que malgré la baisse du commerce mondial l’année dernière, les exportations américaines et européennes en direction de la Chine se sont contractées à un rythme inférieur à celui de la baisse du commerce mondial.
Par ailleurs, la Chine est, après le Japon, le deuxième plus grand détenteur d’obligations du Trésor américain, avec une somme de 800 milliards d’USD. Wen a donc ajouté que la valeur de l’USD était un sujet de « grand soucis » à Beijing et il a demandé à Washington de prendre des mesures pour rassurer les investisseurs.
La partie la plus intéressante de son discours a concerné son plaidoyer pour le libre-échange, contre le protectionnisme et les dévaluations compétitives.
Wen a dit qu’il « croit que le libre-échange promeut non-seulement la croissance de l’économie mondiale, mais aussi l’harmonie du monde et ça améliore la vie des gens ».
Wen a critiqué sans les mentionner les pays qui recourent aux dévaluations compétitives en disant qu’il s’agit d’une forme de «protectionnisme commercial, qui n’a pas disparu avec la crise financière, au contraire, il a empiré » Il a aussi rajouté que « tous les pays devraient être alarmés ».
On ne saurait mieux le dire.