L’Euro a été agressivement vendu la semaine dernière dans le contexte des événements grecs. Alors que les marchés étaient déjà convaincus qu’on avait enfin trouvé un accord entre les pays de l’Eurozone pour aider financièrement la Grèce, l’Allemagne a annoncé qu’un tel plan était illégal et qu’il fallait donc en appeler au FMI.
Le Premier Ministre grec Papandreou a par la suite donné un véritable ultimatum aux dirigeants de l’Union européenne pour mettre en place un système d’aide financière pour son pays. Selon lui, le prochain sommet de Bruxelles, les 25-26 mars prochain, doit apporter une solution sous peine de faillite nationale.
Le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a ajouté à son tour qu’une action immédiate est nécessaire pour aider la Grèce et a proposé un système quasiment illisible de « prêts coordonnés bilatéraux » des partenaires européens.
De tous les angles possibles et imaginables, les investisseurs sont mécontents de la poursuite de l’incertitude concernant la Grèce, et on le sait, rien de pire pour les marchés que l’incertitude.
Le résultat n’a donc pas tardé et l’Euro a été vendu massivement sur tous les fronts. On parle d’une baisse de 238 pips sur la paire EUR/USD, de 218 pips sur la paire EUR/JPY, alors que la paire EUR/CAD est à son niveau le plus bas depuis 27 mois à 1.3629 alors que la paire EUR/AUD a touché son record historique à la baisse au niveau de 1.4717.
Même face à la faible Livre sterling, l’Euro n’a pas réussi à enregistrer des gains. Tout cela montre bien qu’il faut faire extrêmement attention aux devises des pays développés, dont l’endettement pourrait plomber les devises à long terme, ce qui renforce notre opinion favorable sur les monnaies des pays émergeants, dont l’une des plus favorables est le shekel israélien, dont nous avons parlé récemment.
L’un des développements les plus significatifs est la paire EUR/CHF, qui était en véritable chute libre la semaine dernière. Certes, la paire a réagi au comportement de l’EUR sur les marchés mondiaux, mais c’est surtout le changement de ton de la BNS qui a poussé à cette forte baisse.
Jean-Pierre Danthine, un membre de la direction de la banque centrale helvétique, a dit que les sociétés et les consommateurs suisses doivent se préparer pour la hausse des coûts du crédit et des taux de change tels que décidés librement par le marché. Cette intervention a été interprétée par le marché comme signalant la fin de l’intervention de la BNS sur les marchés, et donc le CHF est parti violemment à la hausse.
La tendance ayant été établie, le CHF a poursuivi sa hausse en dépit de la clarification de Danthine, selon laquelle il est encore trop tôt pour contredire la déclaration de la BNS de la semaine précédente et qu’elle lutterait contre une appréciation excessive du Franc. Le prix de cette intervention pour le public suisse n’a pas été révélé mais il s’annonce salé. La paire EUR/CHF s’est arrêtée à 1.4318, juste au-dessus de 1.4315, son niveau le plus bas de 2008.
L’USD a réussi à rebondir vers la fin de la semaine sur le fond de spéculations sur le taux d’intérêt. La rumeur a en effet couru sur les marchés que la Fed remonterait à nouveau taux d’escompte avant sa prochaine réunion, du 28 avril.
Historiquement, le taux d’escompte se situe à 1% au-dessus du taux d’intérêt et comme celui-ci se situe en ce moment à 0.75%, il y a clairement de la marge pour poursuivre sa « normalisation », puisque le taux d’intérêt est en ce moment entre 0% et 0.25%, niveau où il devrait rester « pour une longue période de temps », selon le dernier communiqué de la Fed.
Le GBP a commencé la semaine en hausse mais vers la fin de semaine, la faiblesse de l’Euro l’a aussi entraîné à la baisse et il a chuté lourdement face au JPY, à l’USD et aux devises cycliques.
Celles-ci, en particulier l’AUD, le CAD et le NZD, se sont bien tenues, surtout le CAD, qui a été poussé par des spéculations sur la hausse du taux de la BoC.
La Banque centrale indienne a surpris de son côté les marchés en remontant son taux du niveau record de 3.25% vers 3.50%, ce que les marchés ont compris comme étant le premier pas vers le retournement de sa politique. Ce geste a aussi suggéré qu’on pourrait être au début d’une vague de hausse des taux, en particulier en Chine. Tout cela a augmenté l’aversion au risque vers a fin de la semaine et a poussé à la hausse l’ÛSD et le JPY.
Au contraire, au Japon, la Banque centrale nippone a cédé devant la pression politique et a élargi ses mesures d’assouplissement monétaire.