L’inquiétude persiste sur les marchés financiers en ce lundi après-midi. La santé budgétaire de la zone euro, en dépit des gages récemment donnés par la BCE et le FMI, continue d’inquiéter les investisseurs.
Sur le marché des changes, l’euro tentait lundi de limiter ses pertes face au dollar après avoir dégringolé à un plus bas niveau en quatre ans, à 1,2235 dollar. La monnaie unique européenne est pénalisée par les craintes concernant les finances des plusieurs Etats de la zone euro, au premier rang desquels la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. En fin de semaine dernière, l’Espagne a voulu donner des gages à ses partenaires, notamment à Washington, le président Obama exhortant le premier ministre Zapatero d’agir. La réponse du premier ministre ne fut pas longue à attendre puisqu’il a annoncé un train de mesures comprenant de nombreuses coupes budgétaires notamment en direction des fonctionnaires et des retraités. Les syndicats en Espagne ont mollement réagi, décidant d’ailleurs de reporter une grève.
La population européenne semble en effet prendre conscience, à la faveur du battage médiatique autour de la chute de l’euro, que les gouvernements doivent franchir l’étape de la rigueur afin de restaurer la confiance et de repartir sur de bonnes bases. La zone euro peut certes se targuer d’avoir de bons indicateurs macroéconomiques mais la confiance des marchés lui fait encore défaut.
Officiellement, la dégringolade de l’euro sur le marché des changes est un sujet d’inquiétude très important pour les responsables européens. Toutefois, comme nous le faisions remarquer vendredi dernier dans un article intitulé «perspectives sur le marché des changes », la baisse conséquente de l’euro mais également de la livre sterling arrange clairement les gouvernements. D’ailleurs, le porte-parole de la Commission Européenne ne l’a pas caché aujourd’hui : la chute du taux de change de la monnaie unique européenne «aide les exportations dans un moment où cela est très important ». De tels propos ont été confirmés par le président de l’AMF, Jean-Pierre Jouyet qui a ajouté que «le niveau de l’euro reste tout à fait acceptable ». Nous évoquions d’ailleurs vendredi une sorte de dévaluation compétitive qui pourrait avantager à terme la zone euro.
Jean-Claude Juncker s’est joint à de tels propos mais a soulevé aujourd’hui la question de la rapidité de la chute de l’euro qui éveille selon lui de nombreuses interrogations. Pour autant, cette volatilité sur l’euro semble beaucoup exagéré puisque l’euro a connu des niveaux nettement plus bas face au dollar à son lancement, évoluant aux alentours de 1,17 dollar.
Enfin, la Banque Centrale Européenne a dévoilé aujourd’hui son programme d’aide. L’institution a annoncé qu’elle va neutraliser les effets de ses achats de dette publique en collectant des dépôts à une semaine dans le cadre d’un appel d’offres à taux variable. Entre vendredi dernier et aujourd’hui, la BCE a acheté pas moins de 16,5 milliards d’euros d’obligations d’Etats de l’euroland comme prévu par le plan de stabilisation conjoint entre la banque centrale, l’UE et le FMI. Cette décision n’a toutefois pas l’unanimité au sein du conseil des gouverneurs puisque les gouverneurs allemand et néerlandais, Axel Weber et Nout Wellink, ainsi que l’économiste en chef de l’institution ont voté contre cette décision comme le rapporte le magazine Der Spiegel. L’un des arguments avancés par les trois hommes est notamment que ces achats conduisent à une sorte de financement monétaire gouvernemental qui est interdit dans la zone euro.
