L’aversion au risque domine toujours les échanges en ce milieu d’après-midi. Hier, le leu roumain a atteint un plus bas historique sur le marché des changes face à l’euro, à 4,32 lei pour un euro. Le gouvernement de Bucarest a adopté un plan d’austérité qui vise à ramener le déficit public à 6,8% en 2010. Cependant, ce plan a fait l’objet d’une fronde de l’opposition et a été jugé partiellement anti-constitutionnel vendredi dernier provoquant une incertitude sur le versement d’une nouvelle tranche d’aide par le FMI. Dans ce contexte, le FMI a repoussé en début de semaine une réunion de travail à ce sujet ce qui a provoqué un net repli de la devise roumaine.
En ce mardi, les principales devises sont en pente négative, seuls le dollar, le franc suisse et le yen réussissent à attirer les investisseurs. L’aversion au risque a pris une nouvelle dimension ce matin avec la publication de plusieurs mauvais indicateurs macroéconomiques en Asie. Ainsi, la Chine a révisé à la baisse l’indice composite du Conference Board du mois d’avril, le faisant passer de 1,7% à 0,3%. Cette annonce a provoqué un repli des places boursières asiatiques, la Bourse de Shanghai enregistrant le plus important recul, à 4,27% à la clôture. De plus, cette annonce s’est également directement répercutée sur le cours du dollar australien alors que la devise était en phase haussière depuis vendredi suite à la décision de revoir le projet de taxe sur les super profits miniers.
Le Japon a également apporté sa pierre à l’édifice avec la publication aujourd’hui d’une production industrielle et d’une consommation des ménages en nette baisse en mai alors que le chômage continue de progresser. Toutefois, ces chiffres n’ont pas vraiment pesé sur le moral des investisseurs, ces derniers ayant parfaitement conscience des difficultés économiques actuelles de l’archipel. Par miracle, ces difficultés ne pèsent pas encore sur le yen, en dépit de la menace d’une dégradation de la note de crédit du pays par les agences de notation financière.
L’euro a surtout essuyé ce regain d’aversion au risque, chutant en dessous de 1,22 dollar et de 109 yens aujourd’hui. Face à la devise nippone, l’euro a atteint hier son plus bas niveau depuis fin novembre 2001 tandis qu’elle a retrouvé son niveau de mi-juin face au billet vert. La livre sterling a poursuivi son renforcement face à l’euro atteignant un plus haut niveau depuis novembre 2008, sous l’effet du budget d’urgence présenté la semaine dernière et qui a reçu un excellent accueil des marchés. Enfin, face au franc suisse, l’euro poursuit son rallye baissier. Hier, l’un des membres de la direction de la BNS , Jean-Pierre Danthine, a critiqué le changement de politique monétaire de l’institution, soulignant que la banque centrale est en mesure d’affronter des pertes à son bilan. L’accumulation de pertes au cours des derniers mois du fait de la politique interventionniste de l’institution a poussé le comité de politique monétaire à une réorientation de sa politique récemment, laissant le franc suisse s’apprécier librement face à l’euro.
Enfin, les investisseurs porteront un regard attentif aujourd’hui à la publication de l’indice de confiance des consommateurs américains qui permet de mesurer les perspectives de consommation des ménages. En avril et en mai dernier, l’indice s’était renforcé, passant de 57.7 à 63.3. Pour le mois de juin, les économistes anticipent un indice en légère baisse à 62.5. La publication de cet indice est cruciale afin de confirmer la reprise de l’activité économique outre-Atlantique.