C’est l’évènement de l’été sur les marchés financiers internationaux : le prix du blé est en train de flamber après avoir connu une très nette accalmie en 2008.
Les médias se contentent de souligner, assez facilement, que la canicule en Russie qui a favorisé des incendies dévastateurs, est à l’origine de cette flambée des cours. En fait, un tel discours est un peu facile car les prix du blé ont commencé à croître dès juin.
Sur deux mois, à peine, les prix du blé ont crû de plus de 70% sur les marchés internationaux. Sur le seul mois de juillet, cette hausse est évaluée à 45%. Désormais, la tonne de blé se négocie à Chicago à près de 200 euros contre à peine 120 euros. Cependant, le cours du blé est toujours assez loin de son record du printemps 2008, à plus de 300 euros.
Suite à ce record, la tonne de blé avait fortement fléchi sur les marchés. Cette hausse, selon les experts, ne reflète qu’un rééquilibrage des cours qui a débuté progressivement au printemps. Les évènements actuels en Russie ont simplement pour effet d’accroître la demande sur ce marché.
En effet, l’espace formé par l’Ukraine, la Russie et le Kazakhstan est le premier exportateur mondial de blé. Selon certains experts, en raison des feux en Russie, les capacités exportatrices de la Russie auraient diminué de moitié. Officiellement, un tel scénario n’est pas encore évoqué. La fédération céréalière russe a ramené ses prévisions pour les moissons de 2010 à 72-78 millions de tonnes contre 81,5-85 millions précédemment. Une baisse plutôt contenue qui n’est toutefois pas sûre de refléter la réalité du terrain.
La tension actuelle sur les prix du blé devrait se poursuivre. La politique mise en œuvre par le Kremlin pour circonscrire les incendies influencera certainement sur l’issue de ce rallye haussier estival sur le marché des matières premières agricoles. Le blé a connu cette semaine de très forts mouvements, avec notamment une hausse de plus de 8% lors de la séance de lundi du contrat de novembre sur le blé sur Euronext.
Cette hausse du blé devrait donc se poursuivre, non seulement en raison du contexte actuelle en Russie, mais surtout car cette hausse reflète un ajustement nécessaire des cours. La décision prise hier par Vladimir Poutine en Conseil des ministres de geler temporairement à partir du 15 août les exportations de céréales et de produits agricoles dérivés devraient pousser encore les cours.