Argentine, Japon, Taïwan, Corée du Sud, Chine….La liste est longue des pays qui « manipulent » leurs devises. Certains le font ouvertement, comme la Chine, d’autres via des achats massifs sur le marché des changes et d’autres, de manière plus dissimulée, via des mesures d’assouplissement quantitatifs comme les Etats-Unis.
Cette guerre d’un nouveau genre a été prévue depuis longtemps, d’où l’accumulation de réserves de change par les banques centrales. Certaines ont cependant perdu avant le début même de cette guerre, comme la BNS qui, en l’espace de six mois, à dilapider inutilement ses réserves.
Contrairement aux Etats-Unis qui s’engouffrent avec la Chine dans une guerre commerciale via l’imposition de taxes punitives sur les importations chinoises, le Brésil devrait plutôt s’orienter, en toute logique, vers une intervention directe sur le marché des changes.
La banque centrale brésilienne a en effet de larges réserves pour riposter mais le veut-elle vraiment?
Avec un dollar à 1.7 real et un euro à 2.3 reais, les exportateurs brésiliens ont de quoi s’inquiéter et la campagne électorale qui bat son plein est justement l’occasion rêvée pour faire entendre leurs revendications. Peu importe si la banque centrale est officiellement indépendante au Brésil. Elle l’était en Argentine, la présidence s’est chargée en janvier dernier de lui faire comprendre que cette indépendance n’était que facultative.
Bien que la balance industrielle soit au plus bas, l’excédent commercial se maintient grâce à l’appétit gargantuesque de la Chine. Pour combien de temps encore?
A terme, la hausse du real, de près de 25% depuis janvier face au dollar, aura des répercussions négatives sur la dynamique économique. Cette hausse, entretenue par les flux de capitaux étrangers, qui ont atteint des sommets au cours des deux dernières semaines en raison de l’augmentation de capital de Petrobas, va poser problème.
L’autre solution, pour la banque centrale, est de baisser les taux, comme l’a souligné le FMI. Bonne solution, à condition que la banque centrale soit en mesure de mieux cerner l’inflation, ce qui n’est pas encore le cas pour le moment.