Les traders paient actuellement le plus bas taux en près de cinq mois pour avoir le droit d’acheter des reals, des wons sud-coréens, des rands sud-africains ou encore des roupies indonésiennes. Selon les investisseurs, il n’y a presque aucune chance pour que ces quatre devises chutent sur le moyen terme.
Toutefois, les gouvernements des pays émergents s’affairent pour faire chuter les devises. Le ministre des Finances brésilien, qui a stigmatisé une « guerre des devises », a annoncé la mise en place d’une taxe plus élevée sur les entrées de capitaux. La gouverneure de la banque centrale sud-africaine, Gill Marcus, a quant à elle affirmé fin septembre qu’elle est en discussion avec d’autres pays afin d’aboutir à une solution.
Pour l’instant, dans les pays émergents, les achats de dollars n’ont eu aucun effet. Ainsi, en dépit des achats répétés de la banque centrale brésilienne, le real s’est apprécié de plus de 35% depuis janvier 2008 face au billet vert. Des démarches identiques ont été entreprises par les banques centrales de Corée du Sud et d’Afrique du Sud avec les mêmes résultats.
A la fin du mois de septembre, lors d’une conférence de l’ANC, le mouvement politique a proposé d’imposer une taxe sur les entrées de capitaux. Cependant, le gouvernement a rejeté cette idée, notamment en ce qui concerne les achats d’actions et de bons du Trésor. En fait, tous attendent de connaître les résultats de pays s’étant engagés dans cette voie, comme le Brésil.
Le rand sud-africain, en dépit des récentes grèves, a gagné plus de 6.4% face au dollar depuis le mois de janvier, en raison de la plus importante entrée de capitaux dans le pays depuis 1995.
En Corée du Sud, la banque centrale, qui intervient régulièrement pour effectuer des achats de dollars, a limité les currency forwards qui sont utilisés par les spéculateurs. Pour autant, depuis cette décision, le won a gagné près de 7% face au dollar, obligeant le gouvernement à envisager de nouvelles mesures.
Enfin, en Indonésie, la banque centrale a décidé d’obliger les investisseurs à conserver leurs titres pendant au moins quatre semaines. Cependant, depuis cette décision, la roupie 2.6% face au billet vert, une hausse de 5.3% sur un an.
Le mécanisme à mettre en place pour freiner l’appréciation d’une devise reste encore à trouver, et ce ne sont sûrement pas des interventions directes sur les changes, comme l’ont fait la BNS et la BoJ, avec un succès mitigé, qui vont permettre aux pays émergents de mieux contrôler le taux de change de leur monnaie.