Les marchés scruteront certainement avec beaucoup d’attention la publication prochaine des minutes de cette réunion afin de savoir comment le consensus fut atteint en termes de voix au FOMC.
Bernanke parie sur l’effet psychologique de ces mesures
Le patron de la Fed fait un pari très risqué : il compte en fait sur l’impact psychologique de ces mesures pour redonner confiance aux consommateurs et donc relancer la machine économique américaine, quitte à les berner sur l’état réel de l’économie. Cependant, Bernanke reste trop optimiste selon de nombreux analystes et ses espoirs pourraient être rapidement déçus. Les marchés ont déjà intégré le scénario attendu donc les effets de ces mesures devraient être extrêmement modestes.
Le communiqué de la Fed, qui évoque à deux reprises le niveau très faible de l’inflation, fait toutefois l’impasse sur l’effet immédiat du recours à la planche à billets qui est d’accroître l’inflation. Croissance molle…inflation en hausse…un scénario à la japonaise semble improbable. Toutefois, l’inflation risque de tourner autour de 2% dans les dix prochaines années selon les estimations des économistes, contre 1.1% de nos jours. De quoi inquiéter certains membres du FOMC qui étaient contre la mise en place d’un deuxième cycle d’assouplissement quantitatif.
Le risque de créations de bulles spéculatives s’accentue
En recourant à la planche à billets, la Fed s’oriente sur un chemin inconnu qui n’est pas sûr d’aboutir aux résultats escomptés, c’est à dire à une baisse du chômage et à une reprise plus durable de la croissance économique. Dans « Bernanke conduit la Réserve Fédérale en eau trouble », notre rédaction esquissait déjà les risques inhérents à la politique monétaire peu responsable des Etats-Unis.
En accroissant si substantiellement la masse monétaire, le premier risque est de créer un excès sur un marché qui fait déjà face à 1000 milliards de réserves bancaires en trop. Le résultat est simple: cet argent en trop risque de favoriser la création de bulles spéculatives, notamment sur le marché des matières premières, comme on le constate déjà, et dans les pays émergents. La reprise de la bulle immobilière, qui a réussi à être freinée dans les pays émergents, risque notamment de reprendre son essor, en raison de l’égoïsme et de l’aventurisme des reponsables de la politique monétaire américaine.
Le dollar dégringole sous l’effet de la Fed
Dès la publication du communiqué de la Réserve Fédérale, le dollar a dégringolé, suivant les prévisions des analystes. Vers 18h20 GMT, l’euro a ainsi grimpé à 1.4150. Stable avant la Fed, le Dollar Index de l’IntercontinentalExchange a également chuté de 0.57%. Dans les jours qui viennent, le billet vert devrait poursuivre sa baisse, ouvrant un boulevard à l’euro mais aussi au dollar canadien et au dollar australien qui a atteint récemment son plus haut niveau depuis près de trois décennies.