Le débat fut en effet réactivé au cours de la semaine dernière à l’occasion de l’examen du budget en Irlande, qui devrait être validé dans les prochains jours par un commissaire européen, et aussi en raison de la perspective des élections locales en Grèce. Le Premier ministre a fait de ce scrutin un référendum sur la politique d’austérité du gouvernement, référendum qu’il semble avoir remporté en raison du désaveu de l’opposition, jugée responsable de la situation économique et financière du pays. Par conséquent, la tension constatée ces derniers jours sur le marché obligataire européen devrait progressivement se relâcher.
Alors que l’annonce d’une injection massive de liquidités dans le système par la Fed aurait dû faire plonger le dollar, la devise américaine résiste encore bien face aux autres monnaies. Nous pouvons considérer en fait que le repli de l’USD au cours des dernières semaines était surtout la manifestation de l’intégration par le marché d’un nouveau cycle d’assouplissement quantitatif par la banque centrale américaine. Ainsi, sur le moyen terme, le potentiel de baisse du dollar reste assez limité, sachant que les chiffres du chômage devraient devenir la principale donnée ayant un impact sur le taux de change de la monnaie américaine.
Considérablement critiquée par le Brésil, la Chine et l’Allemagne, la décision de la Fed a été vivement défendue ce week-end par Ben Bernanke mais aussi, lors de son voyage en Inde, par le président Obama. Ce dernier a défendu la politique monétaire du républicain Bernanke, qui fut nommé par le président Bush. Réagissant à ces propos, la Chine n’a pas hésité à saisir l’opportunité, affirmant que les Etats-Unis doivent prendre leurs responsabilités vis à vis des pays émergents.
Enfin, le Brésil pourrait connaître prochainement un véritable revirement de politique monétaire puisque la nouvelle présidente, Dilma, qui sera présente aux côtés de Lula lors du G20 de Séoul, envisage selon la presse brésilienne de remplacer l’artisan de la croissance économique brésilienne, le gouverneur de la banque centrale Henrique Mereilles. Ce dernier a adopté une politique de hausse des taux d’intérêt et de défense du real via l’imposition d’une taxe sur l’entrée des capitaux étrangers. Cependant, la nouvelle présidente serait tentée de suivre les conseils du FMI et de passer à une politique de réduction drastique des taux d’intérêt, ce qui aurait pour conséquence de réduire l’attrait du real face au dollar. Selon ces rumeurs, le président de la banque centrale pourrait être nommé ambassadeur à Washington. Durant la campagne présidentielle, Dilma avait renouvelé sa confiance dans la politique monétaire de l’ère Lula contrairement à son adversaire qui avait appelé à un remplacement rapide de Mereilles.