Depuis environ une quinzaine de jours, le gouvernement fédéral a atteint le plafond de 15 000 milliards de dollars fixé par le Congrès en matière de dette américaine. Ce plafond avait déjà été relevé en janvier dernier et, désormais, l’administration Obama souhaite un deuxième relèvement en moins de six mois. Les manoeuvres politiques ont encore jusqu’au 2 août pour aboutir, date à laquelle, selon les prévisions du Trésor, les Etats-Unis seront officiellement en faillite.
Alors que dès les premiers jours de son mandat, le président Obama s’était clairement engagé en faveur d’une réduction du déficit américain, qu’il avait explicitement lié à la persistance du statut de première puissance économique mondial, l’actuel président n’a, au final, qu’impulsé quelques réformes mineures, sans se fixer d’objectifs clairs et précis de réduction du déficit.
Elus sur la promesse de contraindre le gouvernement fédéral à réduire les dépenses, les Républicains, qui ont la main haute sur la Chambre des représentants depuis janvier, souhaitent contraindre, probablement à juste titre, l’actuelle administration à prendre les décisions qui s’imposent.
Pour l’instant, Barack Obama ne semble pas prêt à des concessions importantes, du moins officiellement. En face, le camp républicain a déjà formulé un véritable programme, sous l’égide de Paul Ryan: La voix de la prospérité. Ce programme, qui présage du positionnement du prochain candidat républicain à l’élection présidentielle, se base sur une profonde orthodoxie budgétaire qui ne convainc cependant pas tous les économistes, à l’image de Paul Krugman.
Les principaux points de cette proposition pour le budget 2012 prévoientt de profonds changements en matière de soutien de l’Etat fédéral surtout dans le domaine de la santé via une réforme drastique des coûteux programmes Medicare et Medicaid et de la loi sur les soins médicaux de 2010, qui a déjà subi des ajustements très significatifs par rapport à la vision d’Obama lors de son vote. Le projet républicain, qui repose sur une forte idéologie libertaire, prévoit de mettre en place un système de santé a minima en dénaturant tout simplement la loi de 2010 et en changeant profondément des programmes de santé qui datent de l’après-guerre.
Afin d’obtenir un compromis sur le budget, des concessions majeures devraient être acceptées par l’administration Obama. Parmi elles, l’augmentation de l’âge d’éligibilité pour le programme Medicare. Selon les projets républicains, l’âge d’éligibilité devrait augmenter, à partir de 2022, de trois mois tous les ans jusqu’à atteindre 67 ans en 2033.
Dans l’état actuel des choses, la bataille qui se joue autour du budget fédéral, et qui n’inquiète que peu les marchés financiers, à l’inverse par exemple de la crise souveraine en Europe, doit surtout être comprise dans le cadre des prochaines élections. Via cette obstruction, les Républicains avancent leurs pions dans le domaine économique, point faible du président actuel tandis que ce dernier va certainement tout faire pour maintenir la loi sur le système de santé de 2010 en l’état car c’est l’une de ses principales réformes sur le plan intérieur.