Cependant, afin de justifier la dégradation de la note souveraine du pays, l’agence S&P n’a ni fait référence au transfert des réserves internationales ni au poids trop important de l’or dans ces réserves. En fait, c’est le « risque politique » qui a poussé l’agence à faire passer les obligations du Venezuela dans les actifs spéculatifs, selon les catégories définies par l’agence, à B+, avec perspective stable. Désormais, les obligations émises par le pays ont la même notation que celles du Salvador, entraînant des conséquences dramatiques pour l’activité économique du pays qui renoue difficilement avec la croissance après près de deux ans de récession.
Cependant, le « risque politique » n’est pas appréhendé de la même manière par les agences de notation. Si les trois grandes, c’est à dire S&P, Fitch et Moody’s suivent plus ou moins la même ligne, les autres font preuve d’une plus grande liberté d’analyse, à l’instar de la chinoise Dagong.
Ainsi, Dagong, qui est proche du gouvernement chinois, accorde une plus grande confiance au gouvernement d’Hugo Chavez en attribuant à la note du pays BB+, notation surtout symbolique puisqu’elle a peu d’influences pour les investisseurs du fait de la faible assise mondiale de cette agence de notation.
Pour autant, ces notations reflètent aussi des connivences politiques et des luttes de pouvoir au niveau international. Pékin, qui soutient le Venezuela, sera plus enclin à une certaine masuétude via Dagong vis à vis de ce pays que vis à vis des pays occidentaux. Si l’attitude de Dagong est jugée souvent trop sévère vis à vis des Occidentaux, puisqu’elle ne note quasiment aucun grand pays occidental dans la catégorie triple A, certaines de ses notes sont parfois aussi jugées plus réalistes que celles des trois grandes. Ainsi en est-il de la note de la France qui est notée AA- par Dagong alors que S&P continue d’attribuer un triple A qui ne reflète plus les fondamentaux du pays.
Ces différences s’expliquent par les critères pris en compte par les agences. Pour les trois grandes, le poids de l’Histoire, c’est à dire la capacité par le passé du pays à répondre à ses obligations financières, et le risque politique jouent un rôle important ce qui permet d’ailleurs de sauver le triple A français. A l’inverse, Dagong s’appuie plus sur les réserves de change et les perspectives de croissance, en plus des fondamentaux économiques traditionnels, pour noter les pays, ce qui avantage mécaniquement les pays émergents dont la Chine.