L’Europe est à la croisée des chemins. Faisant face à trois crises simultanées – une crise souveraine insoluble, une crise économique à rebondissements et une crise bancaire occidentale et éventuellement chinoise à venir – l’Europe apparaît en panne. Politiquement car, en dépit d’une solidarité européenne prônée, les intérêts nationaux restent dominants. Economiquement car la Banque Centrale Européenne n’a pas les moyens, si ce n’est la volonté, de mener une politique ambitieuse tournée vers l’emploi. Le mal de l’Europe, ce ne sont pas d’abord ses banques ou ses mauvais élèves, comme la Grèce, trop facilement stigmatisée, mais sa croissance atone endémique que met en évidence de manière aiguë cette nouvelle phase de crise.
Le moteur économique de l’Europe n’est plus
Les derniers indicateurs macroéconomiques publiés en Europe, et spécifiquement dans la zone euro, sont sans appel: l’activité économique est au ralenti. Baisse des PMI, révisions à la baisse des prévisions de croissance, stagnation du taux de chômage, les défis sont nombreux pour les pays de la zone. Même l’Allemagne, dont le modèle rhénan était jusque là préservé, montre des signes de faiblesse. Avec un taux de croissance de 0.1% au deuxième trimestre, soit largement en dessous des attentes (0.5%) et une croissance du secteur privé au plus bas depuis deux ans en août, Berlin rejoint la cohorte des capitales du Vieux-Continent qui font face à des difficultés économiques qui ne devraient qu’aller croissantes.
Pour sortir de l’ornière, l’Europe monétaire n’a que deux choix: soit laisser courir l’inflation, soit adopté une politique d’austérité qui soit cohérente en influant aussi sur le taux de change de l’euro.
L’inflation pour alléger le poids de la dette
Laisser courir l’inflation au delà des prévisions pour cette année, qui sont comprises entre 2.5% et 2.7%, aurait pour corollaire bénéfique d’alléger considérablement le poids de la dette par un effet comptable. Cependant, ce n’est pas une inflation à 2.7% qui pourrait vraiment influer sur les milliards d’euros accumulés de dette mais d’au moins 6% voire 7%. Pour y parvenir, il faudrait que la BCE continue massivement, comme elle fait depuis 2007 mais dans des proportions nettement plus importantes, à injecter de l’argent dans le système financier afin de soutenir les marchés et aussi baisse le plus bas possible les taux directeurs.
Le risque immédiat serait alors de brider davantage le pouvoir d’achat des citoyens de la zone euro, pouvoir d’achat qui s’affiche déjà en berne. Surtout, cette solution risque d’attiser le mécontentement de Berlin, ravivant la triste mémoire de la République de Weimar, et de la BCE qui est gardienne d’une inflation égale ou inférieure à 2% selon les traités. Ainsi, l’inflation semble aboutir, dans le monde réel, à une impasse pour des raisons sociales et politiques.
Pas d’austérité sans dévaluation
Un premier pas pour relancer la compétitivité et à terme la croissance de la zone euro fut franchi avec la mise en place, sous la pression des marchés, de plans d’austérité dans plusieurs pays pour un montant total dépassant largement 200 milliards d’euros pour les trois à quatre ans à venir. Cependant, c’est hors de toute logique économique que ces plans ont été approuvés par les Parlements nationaux. Tout d’abord, ces plans ne sont pas des plans de réduction des dépenses complétés par une amélioration des structures économiques à des fins de compétitivité mais essentiellement des plans d’augmentation des recettes via des hausses d’impôts et de taxes. Surtout, ces plans n’intègrent en aucune façon la donnée monétaire.
En effet, c’est oublier les enseignements de l’histoire économique que de ne pas intégrer la composante monétaire dans tout plan d’austérité. Que ce soient la dévaluation Pinay ou la dévaluation du shekel en 1985 dans le cadre du plan de stabilisation économique, l’austérité s’accompagne toujours préférablement d’une dévaluation monétaire. Si en créant l’Europe, les gouvernements de la région ont perdu le pouvoir de gérer la monnaie à leur guise, la tendance générale au ralentissement économique créé une situation inédite prompte à une dévaluation de la monnaie unique européenne sur la base du consensus politique.
Envisagée comme monnaie forte à son avènement, l’euro n’est pas synonyme de croissance durable car un euro à 1.40 dollar, comme à l’heure actuelle, n’est pas soutenable pour l’industrie exportatrice européenne. Une baisse de l’euro à, au moins, 1.20 dollar, serait souhaitable sachant qu’une fenêtre de tir existe dans les traités européens pour permettre une dévaluation.
Cependant, le message politique qu’enverrait une dévaluation de l’euro serait certainement dommageable pour la zone euro mais n’est-ce pas un risque à prendre? Ne faut-il pas user, comme tous les autres pays, des outils monétaires à notre disposition, pour créer de l’emploi et de la croissance? L’objectif de la BCE n’est malheureusement pas cela, uniquement celui de contrôler l’inflation. Alors que l’Europe fait face à des décisions cruciales et que le débat politique autour d’une dévaluation est quasi-inexistant, il est souhaitable que le prochain sommet européen d’octobre s’empare enfin du sujet.
L’Europe est à la croisée des chemins. Faisant face à trois crises simultanées – une crise souveraine insoluble, une crise économique à rebondissements et une crise bancaire occidentale et éventuellement chinoise à venir – l’Europe apparaît en panne. Politiquement car, en dépit d’une solidarité européenne prônée, les intérêts nationaux restent dominants. Economiquement car la Banque Centrale Européenne n’a pas les moyens, si ce n’est la volonté, de mener une politique ambitieuse tournée vers l’emploi. Le mal de l’Europe, ce ne sont pas d’abord ses banques ou ses mauvais élèves, comme la Grèce, trop facilement stigmatisée, mais sa croissance atone endémique que met en évidence de manière aiguë cette nouvelle phase de crise.
Le moteur économique de l’Europe n’est plus
Les derniers indicateurs macroéconomiques publiés en Europe, et spécifiquement dans la zone euro, sont sans appel: l’activité économique est au ralenti. Baisse des PMI, révisions à la baisse des prévisions de croissance, stagnation du taux de chômage, les défis sont nombreux pour les pays de la zone. Même l’Allemagne, dont le modèle rhénan était jusque là préservé, montre des signes de faiblesse. Avec un taux de croissance de 0.1% au deuxième trimestre, soit largement en dessous des attentes (0.5%) et une croissance du secteur privé au plus bas depuis deux ans en août, Berlin rejoint la cohorte des capitales du Vieux-Continent qui font face à des difficultés économiques qui ne devraient qu’aller croissantes.
Pour sortir de l’ornière, l’Europe monétaire n’a que deux choix: soit laisser courir l’inflation, soit adopté une politique d’austérité qui soit cohérente en influant aussi sur le taux de change de l’euro.
L’inflation pour alléger le poids de la dette
Laisser courir l’inflation au delà des prévisions pour cette année, qui sont comprises entre 2.5% et 2.7%, aurait pour corollaire bénéfique d’alléger considérablement le poids de la dette par un effet comptable. Cependant, ce n’est pas une inflation à 2.7% qui pourrait vraiment influer sur les milliards d’euros accumulés de dette mais d’au moins 6% voire 7%. Pour y parvenir, il faudrait que la BCE continue massivement, comme elle fait depuis 2007 mais dans des proportions nettement plus importantes, à injecter de l’argent dans le système financier afin de soutenir les marchés et aussi baisse le plus bas possible les taux directeurs.
Le risque immédiat serait alors de brider davantage le pouvoir d’achat des citoyens de la zone euro, pouvoir d’achat qui s’affiche déjà en berne. Surtout, cette solution risque d’attiser le mécontentement de Berlin, ravivant la triste mémoire de la République de Weimar, et de la BCE qui est gardienne d’une inflation égale ou inférieure à 2% selon les traités. Ainsi, l’inflation semble aboutir, dans le monde réel, à une impasse pour des raisons sociales et politiques.
Pas d’austérité sans dévaluation
Un premier pas pour relancer la compétitivité et à terme la croissance de la zone euro fut franchi avec la mise en place, sous la pression des marchés, de plans d’austérité dans plusieurs pays pour un montant total dépassant largement 200 milliards d’euros pour les trois à quatre ans à venir. Cependant, c’est hors de toute logique économique que ces plans ont été approuvés par les Parlements nationaux. Tout d’abord, ces plans ne sont pas des plans de réduction des dépenses complétés par une amélioration des structures économiques à des fins de compétitivité mais essentiellement des plans d’augmentation des recettes via des hausses d’impôts et de taxes. Surtout, ces plans n’intègrent en aucune façon la donnée monétaire.
En effet, c’est oublier les enseignements de l’histoire économique que de ne pas intégrer la composante monétaire dans tout plan d’austérité. Que ce soient la dévaluation Pinay ou la dévaluation du shekel en 1985 dans le cadre du plan de stabilisation économique, l’austérité s’accompagne toujours préférablement d’une dévaluation monétaire. Si en créant l’Europe, les gouvernements de la région ont perdu le pouvoir de gérer la monnaie à leur guise, la tendance générale au ralentissement économique créé une situation inédite prompte à une dévaluation de la monnaie unique européenne sur la base du consensus politique.
Envisagée comme monnaie forte à son avènement, l’euro n’est pas synonyme de croissance durable car un euro à 1.40 dollar, comme à l’heure actuelle, n’est pas soutenable pour l’industrie exportatrice européenne. Une baisse de l’euro à, au moins, 1.20 dollar, serait souhaitable sachant qu’une fenêtre de tir existe dans les traités européens pour permettre une dévaluation.
Cependant, le message politique qu’enverrait une dévaluation de l’euro serait certainement dommageable pour la zone euro mais n’est-ce pas un risque à prendre? Ne faut-il pas user, comme tous les autres pays, des outils monétaires à notre disposition, pour créer de l’emploi et de la croissance? L’objectif de la BCE n’est malheureusement pas cela, uniquement celui de contrôler l’inflation. Alors que l’Europe fait face à des décisions cruciales et que le débat politique autour d’une dévaluation est quasi-inexistant, il est souhaitable que le prochain sommet européen d’octobre s’empare enfin du sujet.
Par Christopher Dembik