Comme la Société Générale, RBS a formulé récemment ses “prédictions” pour la Grèce et la zone euro. Tout comme la banque française, RBS considère que ce sont dans les trois mois qui viennent que l’avenir de la Grèce se jouera. Les analystes de RBS proposent cinq scénarios potentiels qui risquent de se produire selon eux.
Scénario 1 (35% de chance d’être réalisé):
La Grèce fait défaut d’ici à décembre ce qui entraîne une contagion au Portugal, à l’Irlande, à l’Espagne voire même à l’Italie et à la France. La BCE décide d’accroître en urgence ses achats d’obligations étatiques, notamment afin d’aider le système bancaire. Le FESF injecte également des fonds dans les banques afin d’éviter une chute bancaire et prête aux Etats en difficulté. La crise entraîne une forte volatilité mais aucun pays ne sort de l’EuroZone.
Scénario 2 (30% de chance d’être réalisé):
C’est peu ou prou le scénario 1 à la différence que la BCE décide de ne plus jouer les pompiers et cesse les achats d’obligations ce qui entraîne une crise politique majeure et un démembrement de l’EuroZone.
Scénario 3 (20% de chance d’être réalisé):
La Grèce ne fait pas défaut mais n’atteint pas les objectifs fixés par la troïka. L’Europe est alors encore contrainte de faire preuve de solidarité, notamment vis à vis du Portugal et de l’Irlande. L’Italie retrouve de son côté la confiance des marchés grâce à des mesures d’austérité, tout en évitant la récession. L’Europe s’enfonce dans une scénario de croissance atone pour des années…
Scénario 4 (10% de chance d’être réalisé):
Proche du scénario 2 à la différence près que la Commission Européenne sauve la zone euro en introduisant des euro-obligations.
Scénario 5 (5% de chance d’être réalisé):
Scénario du pire avec une dégringolade du secteur bancaire, une restructuration massive de la périphérie et la nécessité de la BCE de s’engager dans l’assouplissement quantitatif afin de réduire l’impact négatif de la situation.
Quelles conclusions tirées?
1. Une nouvelle restructuration de la dette grecque est inévitable si l’Europe veut éviter un défaut de paiement et une défection de la Grèce qui aurait des conséquences incontrôlables.
2. En revanche, l’Europe peut éviter une massive contagion bancaire si elle y met les moyens. L’exposition totale des banques européennes aux PIIGS est de près de 700 milliards de dollars. Il ne faut pas seulement prévenir une détérioration ou une nouvelle restructuration de la Grèce mais aussi une dégradation de la situation des pays ibériques et même de l’Italie. En d’autres termes, il faut prévoir un bazooka gigantesque pour sauver les banques et contenir la contagion liée à une inévitable restructuration grecque.
3. L’avenir de l’Europe est sombre: recapitalisation des banques, mise sous tutelle plus ou moins stricte de la périphérie et imposition de l’austérité, croissance molle pour des années…mais tout cela est incapable de résoudre le coeur de la crise. Seule la création d’un ministère des Finances européen et une harmonisation fiscale et budgétaire permettront à l’Europe de renouer avec le succès.