Une première étape certainement décisive a été franchie par les leaders européens lors du sommet extraordinaire de mercredi dernier. Avec un FESF doté d’un montant de prêt de 1000 milliards d’euros, une contagion de la crise souveraine à d’autres pays européens, si elle n’est pas évitable, est au moins largement gérable.
On pourra toujours regretter que l’Europe vienne quémander l’aide de la Chine, ce qui devrait logiquement limiter l’influence, déjà extrêmement faible, du Vieux-Continent sur différents dossiers cruciaux au niveau commercial, notamment sur le taux de change du yuan, mais l’Europe avait-elle le choix? Manifestement, non. Même si des pays comme le Brésil ou le Japon, politiquement plus fréquentables que la Chine, ont montré un certain intérêt, ils n’ont pas la puissance de feu de Pékin.
Incontestablement, même si la crise est loin d’être terminée, une nouvelle étape a été franchie la semaine dernière, et c’est une nouvelle ère d’embellie qui s’ouvre pour les marchés financiers. Rappelons quelques éléments clés: l’euro a fini la semaine dernière sur un plus haut au-dessus de 1.42 dollar et autour de 0.87 pence pour un euro. C’est une évolution similaire qui a marqué les marchés boursiers avec une envolée des indices ce qui a permis des progressions rarement vues ces derniers mois, de 5.85% pour le CAC 40 ou encore de 6.18% pour le Dax 30 sur une base hebdomadaire. Les métaux et les matières premières ne sont pas en reste et ont profité du climat de confiance ce qui a permis à l’argent de gagner 13% sur la semaine, et 7% pour l’or. Le baril de brut a aussi connu une belle progression avec un baril de Brent qui est revenu vers 112 dollars.
Même les agences de notation financière, tant vilipendées par les responsables politiques, ont été contraintes de suivre le mouvement, à tel point que Fitch a annonce que la décote de 50% de la dette grecque est un évènement de crédit qui pourrait avoir pour conséquence un relèvement de la note de la dette de la Grèce à B, contre CCC aujourd’hui. Le package européen semble avoir convaincu au-delà des marchés car, rappelons-le, un évènement de crédit, tel que mentionné dans le jargon des agences de notation, aurait, il y a encore trois mois, eu des répercutions dramatiques pour la note grecque.
Un bravo aux responsables politiques européens qui, s’ils ont peiné en matière de communication, ont réussi à convaincre sur le fond.
Embellie des marchés, mais pour combien de temps? Comme l’ont souligné nos confrères de Business Insider dans plusieurs articles récents, le grand oubli des européens est la croissance. Nul plan pour l’instant afin de redresser l’économie de la zone euro. Sans croissance, le chômage risque d’augmenter comme nous l’ont confirmé les récents chiffres français. Si les taux de chômage en Allemagne et dans la zone euro, attendus cette semaine, confirment une stagnation, respectivement à 6.9% et à 10%, comme envisagé par le consensus, il sera toutefois intéressant d’avoir le détail des chiffres pour avoir une meilleure vision de la situation. Surtout, l’embellie des marchés pourrait être plombée très rapidement par les chiffres du chômage aux Etats-Unis, attendus en fin de semaine. A ce titre, l’enquête ADP sur l’emploi et les revendications chômage constitueront des indicateurs intéressants avant les non-farm payrolls vendredi.
De mauvais chiffres, sachant que le consensus table sur une variation de l’emploi non agricole en octobre à 95k contre 103k le mois précédent, risquent d’abréger la période d’embellie sur les marchés et nous rappeler que la crise n’est pas terminée, qu’elle a plusieurs facettes – crise de la dette étatique, crise économique, crise bancaire.