Dans un récent éditorial dans le quotidien polonais Gazeta Wyborcza, Witold Gadomski regrettait que la Pologne ne soit pas dans la zone euro, après avoir raté les objectifs de 2009 et de 2012.
Selon l’auteur, le fait que la Pologne soit hors de la zone euro représente un risque accru pour l’économie du pays:
“La Pologne est désormais perçue par les marchés financiers comme un pays à risque accru parce qu’elle reste en dehors de la zone euro. Depuis le début de l’année, le zloty a perdu 9 % par rapport à la monnaie unique. A chaque fois qu’il y a des problèmes en Europe ou ailleurs, la monnaie polonaise est affaiblie et les investisseurs ont peur que cela ne se répercute tôt ou tard sur l’économie et les finances. Un zloty instable rend la vie difficile aux entreprises et augmente leur endettement. Dans l’immédiat, le zloty faible aide les exportateurs, mais à long terme, il rend les transactions incertaines et freine l’économie.”
Pourtant, c’est loin d’être l’avis des citoyens polonais, et même de la classe politique dans son ensemble qui n’ose plus réellement avancer une date pour l’entrée de la Pologne dans la zone euro, tant l’avenir de la zone est incertain.
Selon le dernier sondage en date, de plus en plus de polonais militent pour le maintien du zloty. Selon le sondage OBOP publié le 2 novembre 2011, les polonais seraient ainsi plus de 55% à refuser de rentrer dans la zone monétaire européenne considérant que le pays sera désavantagé par l’adoption de l’euro tandis que seulement 15% d’entre eux pensent le contraire et estiment que la transition monétaire sera bénéfique pour la Pologne. Comme dans la classe politique, c’est l’attentisme qui domine.
S’il est vrai que le zloty essuie depuis le début de l’année les foudres des marchés financiers qui s’impatientent de voir une solution viable émerger des discussions des membres de la zone euro, la chute du zloty reflète simplement un état de fait sur les marchés financiers qui désavantage toutes les devises émergentes et ne doit pas dissimuler la réelle stabilité du zloty depuis plus de cinq ans, et ce même pendant la tempête des supprimes, grâce à une politique monétaire efficace de la banque centrale.
La Pologne et le zloty sont crédibles sur les marchés financiers et il a suffi d’une intervention monétaire de la banque centrale en septembre dernier pour stabiliser le taux de change du zloty face à l’euro, après la forte chute d’août, du fait de la crise souveraine.
Surtout, Monsieur Gadomski ne doit pas oublier que c’est le zloty qui, jusqu’à présent, et ce dans le cadre de l’Union Européenne, a apporté stabilité et croissance à la Pologne, avec une hausse du PIB attendue de 4% cette année, et de la même ampleur l’année prochaine. Surtout, n’oublions pas que la Pologne a échappé à la récession en 2009, avec une croissance de 1.6% du PIB, alors que les autres pays européens, notamment de l’EuroZone, sombraient.
Monsieur Gadomski se trompe en croyant que la zone euro est un havre de stabilité et de croissance, c’est plutôt une construction hasardeuse et non homogène, habituée à une croissance atone et à des niveaux de chômage élevé. Rester à l’écart de la zone euro est un choix politique sage pour les polonais qui ont raison de compter sur l’efficacité de leur banque centrale et sur la crédibilité du zloty vis à vis des investisseurs.