Depuis quelques jours, les médias bruissent d’une offensive diplomatique d’Israël afin de rallier les Etats-Unis, et éventuellement le Royaume-Uni, à une attaque préventive contre les installations nucléaires iraniennes. Le rapport de l’AIEA du 8 novembre a confirmé les craintes des experts concernant ce programme militaire qui est en passe de doter l’Iran de l’arme atomique.
Les chances d’une attaque dans les prochains mois contre l’Iran, comme ce fut le cas contre le programme nucléaire militaire syrien, sont basses. Trois raisons principales sont détaillées ci-dessous. Mais en cas d’aggravation des tensions, ce qui n’est pas à exclure, quel sera l’impact sur le marché des changes?
Pourquoi une attaque aérienne contre l’Iran est peu probable:
1. Le gouvernement israélien fait face à une forte pression interne, du fait des manifestations contre la vie chère et du mouvement “Occupy Tel Aviv” tel qu’il fut nommé par les médias américains. La question sociale devient de plus en plus cruciale pour une large frange de la population israélienne et les manifestations se poursuivent, avec notamment lundi dernier une grève générale de 4 heures ordonnée par la centrale syndicale Histadrout. Surtout, le gouvernement est encore loin d’un consensus au sujet d’une attaque préventive de l’Iran, comme le fait montre le fait que le débat à ce sujet soit tombé dans le domaine public, montrant les dissensions internes.
2. Le gouvernement israélien n’interviendra jamais sans avoir l’aval de Washington et, pour l’instant, c’est plutôt la solution diplomatique, via de nouvelles sanctions contre l’Iran, qui prévaut. En année électorale, le président Obama ne veut pas engager son pays dans une nouvelle guerre.
3. Les dirigeants iraniens sont divisés sur l’attitude à adopter. Si conspuer l’ennemi israélien est un moyen de faire dériver les nombreuses tensions internes vers l’extérieur, une grande partie des responsables iraniens, notamment parmi les religieux, sont pragmatiques et, par conséquent, ne sont pas prêts à risquer une guerre avec Israël, et avec les Etats-Unis. S’il se complait dans des discours guerriers, le régime des Mollahs n’est cependant pas disposés à un conflit armé qui risque de mettre en péril sa survie, alors qu’en plus son partenaire syrien est en grande difficulté.
Comment les traders doivent réagir en cas d’escalade au Moyen-Orient:
En période de crise géopolitique aux retombées potentiellement internationales, le repli sur les valeurs refuge s’applique, en l’occurrence le dollar américain et le yen japonais, en dépit des éventuelles interventions de la BoJ.
Une dégringolade des devises jugées à risque comme l’euro, la livre sterling, l’Aussie et le Kiwi est à prévoir. Déjà, la crise souveraine européenne, et surtout l’évolution de la situation en Italie, pèsent lourdement sur ces monnaies.
Une hausse du cours du pétrole ne devrait pas profiter au dollar canadien en cette période, bien que le Canada a construit sa puissance économique sur l’exportation de pétrole. Les dernières années nous ont montré que la devise canadienne évolue plutôt comme une devise jugée à risque pendant les périodes de grande incertitude.
Enfin, parmi les éventuelles valeurs refuge, il convient de mentionner le franc suisse, bien qu’il ait perdu temporairement ce statut du fait de la mise en place d’un cours plancher sur le Forex par la BNS. Cependant, en cas de conflit au Moyen-Orient, il est fort probable que la monnaie retrouve son statut de valeur refuge, comme ce fut le cas au début de la guerre civile en Libye.