Le FESF est présenté par l’Europe comme la locomotive qui va permettre à la zone euro de surmonter une crise de la dette qui, au regard des dernières évolutions, touche désormais même les pays fondateurs comme l’Italie et la France. Afin d’atteindre une capacité de prêts assez confortable, les européens avaient décidé, en marge du G20 de Cannes, de doter le FESF d’un “véhicule d’investissement” ciblant spécifiquement les pays émergents.
Quelques semaines après le G20, le premier bilan du FESF est maigre, puisque la crise sur le marché obligataire ne fait que se renforcer…Et nous semblons nous diriger vers un désastre annoncé.
Le point sur l’échec du FESF:
1. Un montant encore trop faible
L’accord du 26 octobre a porté le FESF à 1000 milliards, un montant qui paraît être énorme au premier abord mais qui est jugé par de nombreux acteurs européens et financiers comme insuffisants pour redonner la confiance aux marchés. Tout au plus, ce montant pourrait permettre de mettre en place un pare-feu efficace afin de protéger, au moins temporairement, l’Italie et l’Espagne. Ce montant n’est pas, pour autant, suffisant afin de parer à un scénario grec pour l’Italie.
2. Le perpétuel désaccord franco-allemand
Le débat n’est malheureusement toujours pas clôturé entre Berlin et Paris sur la nature du FESF. On le croyait pourtant, du moins depuis le G20. Cependant, le ministre des Finances français, François Baroin, a finalement relancé le débat en appelant à ce que le FESF possède désormais une licence bancaire. Ces désaccords lancés dans la sphère publique ne sont clairement pas prompts à rassurer les éventuels investisseurs.
3. Le manque de confiance des pays émergents
Le fameux “véhicule d’investissement” du FESF avait été mis en place en marge du G20 de Cannes spécifiquement pour que les pays émergents puissent y participer. Cependant, ces derniers restent fébriles. Le Brésil souhaite passer par le FMI, tandis que la Chine préfère encore maintenir ses achats au cas par cas d’obligations souveraines. L’Afrique du Sud a décliné l’offre, tandis que la Russie appelle à faire confiance à la BCE pour redresser la situation en Europe…sans évoquer le FESF. Pire, le Japon, qui a jusqu’ici toujours soutenu la Zone Euro, réduit ses achats de dette souveraine européenne au minimum.
4. Un FESF qui fait sourire les investisseurs
Selon les derniers accords, le FESF va assurer entre 20 à 30% des pertes sur les obligations souveraines, ce qui est trop faible pour convaincre les investisseurs de les acheter. En effet, si les investisseurs vont perdre 70 à 80% de la valeur de leurs avoirs en obligations, autant prendre tout simplement le risque d’un défaut.