Economistes, journaux spécialisés et même traders ne cessent, depuis plusieurs semaines, d’épiloguer sur la faiblesse de la monnaie des 17. Chute de l’euro, glissade lente mais prolongée, fin de la monnaie européenne, tous les termes sont désormais bons pour évoquer le psychodrame qui se produit sous nos yeux depuis peu.
Pour peu, nous pourrions croire que l’Europe a copié la politique du “dollar fort” pour sa monnaie tant cette chute de l’euro en-dessous de 1.30 éveille les inquiétudes de part et d’autre. Bref retour en arrière. Il y a un peu moins de deux ans, en pleine crise économique mondiale, les analystes n’hésitaient pas à pronostiquer la parité pour la paire EURUSD. Peine perdue, la paire en était encore bien loin, atteignant à l’époque un plus bas légèrement sous 1.20 dollar. Depuis, l’euro a remonté et, si du fait de la crise souveraine, la devise a repris un cycle baissier de long terme, force est de constater que l’euro résiste bien.
Sur l’année 2011, le taux de change moyen de l’euro était de 1.3926 dollar, soit très loin des 1.1457 dollar observés en moyenne depuis sa création en 1999.
En dépit des sommets de la dernière chance qui se succèdent avec des résultats toujours mitigés, d’un risque de sortie de la Grèce de la zone euro, ou d’une implosion des banques hongroises, l’euro demeure une devise forte sur le marché des changes, même à son niveau de croisière actuel.
La glissade de l’euro semble effectivement impossible à stopper – l’euro passant de 1.42 fin octobre 2011 à 1.27 de nos jours – mais le catastrophisme pronostiqué par certains doit être relativisé. Le niveau actuel de l’euro, bien qu’il soit le résultat de la crise souveraine, est une bonne chose puisqu’il permet de réajuster le taux de change de la devise européenne par rapport à sa consoeur américaine à un niveau beaucoup plus représentatif de l’économie de la zone euro et de son potentiel de croissance, tout en avantageant une industrie exportatrice européenne qui sera, dans les années à venir, l’une des clés du rebond économique de la zone euro, à 17 ou à moins…
Même un remodelage de la zone euro autour d’un nombre réduit de pays, avec en son centre l’Allemagne, scénario qui est évoqué dans les “Perspectives Economiques et Forex 2012” ne devrait pas mettre à terre la monnaie unique. Au contraire, saluons la baisse de l’euro qui ne peut qu’être bénéfique à notre économie en cette période d’austérité.
Plusieurs tests restent à franchir pour l’euro, dont, dans l’immédiat, les émissions obligataires de Madrid et de Rome les 12 et 13 janvier qui escomptent lever respectivement 5 et 8 milliards d’euros. Le potentiel baissier de l’euro est immense et un retour à 1.20 n’est pas exclu. Mais, si l’euro trébuche dans la foulée d’une accentuation de la crise souveraine, la devise se relèvera rapidement, ce qui pourrait ne pas être le cas d’autres monnaies européennes, comme le forint hongrois qui ne cesse de plonger depuis septembre sur les marchés.