A l’occasion du Forum de l’Investissement de l’automne 2011, nous avions eu le plaisir d’assister à une conférence à laquelle était justement invité le fondateur de monfinancier.com, Marc Fiorentino. Sans conteste, il a fourni à l’auditoire une analyse très juste de la crise et des manières de réagir à celle-ci.
Son jugement, semble-t-il, n’est pas aussi juste aux sujet de l’élection présidentielle en France. Dans LaTribune.fr, l’ex trader nous fait part de ses craintes concernant une éventuelle élection de François Hollande à la présidence de la République. Pour lui, le retour des socialistes à l’Elysée serait suivi, immédiatement, d’un véritable cataclysme:
“S’attaquer à la Finance avec un grand F quand on dépend des marchés financiers pour financer 1.700 milliards d’euros de dettes et qu’on ne propose aucune mesure de réduction des dépenses publiques, c’est une grave erreur“, estime-t-il.
Ou quand la finance se venge…
Bien qu’il réfute tout positionnement partisan, l’argumentaire de Marc Fiorentino pourrait être identique à celui d’un cacique de l’UMP. Evoquer un cataclysme en cas d’arrivée des socialistes à la présidence, c’est non seulement absurde, mais en plus c’est un manque flagrant de connaissance de l’histoire française.
Lorsque François Mitterrand a accédé à la fonction suprême en 1981 – premier président socialiste de la Vème République qui est rejoint par des communistes qui n’avaient pas rompu tous liens avec l’URSS dans son gouvernement – nul cataclysme. Quelques inquiétudes des alliés, notamment américains, qui furent vite dissipées. Mais la finance n’a pas sanctionné la France. Nul sanction en 1997 lors de la cohabitation entre Jacques Chirac et Lionel Jospin.
Marc Fiorentino oublie ostensiblement que la finance n’a aucun intérêt partisan. Même dans les pays les moins capitalistes, comme par exemple au Venezuela, la finance y trouve son compte. Alors, avec un président socialiste qui s’est largement converti au capitalisme économique, où est le risque?
Un programme dispendieux?
Dans l’esprit de Marc Fiorentino, et d’autres, il semblerait que socialisme rime avec dépenses. C’est un raccourci simpliste. Autant Nicolas Sarkozy que François Hollande ont pris la mesure de l’ampleur de la crise et de la nécessité d’assainir les finances publiques. On peut leur reprocher un manque de créativité, d’innovation dans les propositions, l’absence de réelles mesures pour relancer la compétitivité, la croissance et lutter contre le chômage, mais tous deux ont décidé, par nécessité, qu’une réduction du déficit sera et devra être la priorité.
Croire que les fonds spéculatifs “vendront la dette française à découvert” en cas d’élection de François Hollande, que les taux à dix ans de notre dette pourrait monter de 3% à 4.5% en peu de temps, tout cela relève soit d’une analyse très erronée de la situation, tant au niveau du programme du candidat socialiste que de la connaissance des marchés financiers, soit du mensonge…