“Guerre des devises“! La formule avait été lancée en 2010 par le ministre des Finances brésilien pour qualifier l’afflux de dollars sur les marchés qui est principalement absorbé par les pays émergents, à forte croissance, et pratiquant des taux d’intérêt élevés. Le Brésil est évidemment l’un des principaux pays concernés par cet afflux de liquidités qui ont pour conséquence d’augmenter mécaniquement le taux de change de la monnaie nationale, affectant au passage lourdement la compétitivité de l’industrie du pays.
En dépit de nombreux cris d’orfraie, au niveau des BRICs, les pays émergents n’ont pas réussi à s’organiser pour peser sur la politique monétaire des pays développés, à l’origine de ce phénomène spéculatif. En visite à Washington mardi dernier, Dilma Rousseff n’a pu que se contenter vainement de dénoncer les choix monétaires de la Fed et de la BCE devant le président américain qui a écouté ses doléances d’une oreille discrète.
Pour le Brésil, comme pour les autres membres du groupe des BRICs, seule reste pour le moment la solution de s’organiser au niveau national pour éviter que la hausse de la monnaie locale n’affecte davantage la croissance.
Depuis la crise des subprimes, le Brésil a ainsi mis en place toute une batterie de mesures pour lutter contre la spéculation sur le real brésilien mais aussi directement pour relancer la croissance de son économie qui est loin de ses niveaux d’avant-crise.
Parmi les mesures phrases de Brasilia, on dénombre tout azimut:
-L’injection de quelques 60 milliards de reais (25 milliards d’euros) pour permettre à l’industrie d’être plus compétitif.
-L’augmentation du salaire minimum de 14% en début d’année, pour relancer le dynamisme de la demande intérieure.
-L’augmentation des dépenses publiques en prévision de l’organisation de la coupe du monde de football en juin 2014 et des jeux olympiques en 2016 et l’engagement du gouvernement à acheter en priorité des produits “made in Brazil”.
-L’instauration de mesures fiscales pour ralentir l’afflux de capitaux spéculatif étrangers.
-Le déblocage de l’équivalent de 20 milliards de dollars de crédits à taux préférentiel accordés aux grandes entreprises nationales par le bras financier de l’Etat, la BNDES, pour lutter contre le coût prohibitif du crédit.
Aides de l’Etat, mesures pour lutter contre la spéculation sur le real, mesures destinées à développer davantage la demande intérieure afin de soutenir la croissance sont les trois pistes majeures du gouvernement brésilien. Si les aides de l’Etat et les mesures ayant pour objectif de favoriser l’émergence d’une classe moyenne consommatrice de produits brésiliens sont saluées par les économistes, nombreux sont ceux qui sont sceptiques quant aux nombreuses mesures mises en place par Brasilia pour lutter contre la hausse du real face au dollar. En effet, depuis les premières mesures, le real n’a pas significativement diminué sur le marché des changes, soulignant ainsi l’impuissance d’un gouvernement à lutter solitairement contre les flux financiers.