Les rumeurs vont bon train sur les places financières sur l’impact éventuel d’une victoire de François Hollande à la présidentielle. Si certains n’hésitent pas à prédire une attaque spéculative de la finance internationale au lendemain de l’élection, d’autres, nettement plus lucides, considèrent que peu importe le vainqueur du deuxième tour, il devra faire face à brève échéance aux foudres des marchés.
La situation en France n’est évidemment en rien comparable à celle qui prévaut en Espagne ou en Italie. A vrai dire, tous les pays qui sont confrontés à la crise souveraine sur le Vieux-Contient on leur propre spécificité. Bulle immobilière pour l’un, indigence des finances publiques pour l’autre, aucune situation n’est identique. Toutefois, un constat prévaut: celui de la nécessité d’assainir les finances publiques. Ce constat prévaut aussi pour la France où l’équilibre des finances publiques est une nécessité. Si les responsables politiques n’agissent pas rapidement, il est fort probable que la France se retrouve en l’espace de quelques semaines dans une situation comparable à celle de 1983, au moment du tournant douloureux de la rigueur.
Pour retrouver l’équilibre de ses finances, l’Etat français doit couper dans ses dépenses qui représentent plus de la moitié du PIB (55% environ) et qui sont la principale source d’aggravation du déficit primaire.
A l’heure actuelle, même si la crise est évoquée, les politiques et aussi les banques centrales, notamment la BCE, entretiennent l’illusion que tout va bien et que la situation ne peut que s’améliorer. D’ailleurs, pour comprendre à quel point la situation est délicate, notamment en France, il suffit de regarder les nombreux graphiques qui montrent que la Banque de France a augmenté considérablement depuis 2008, dans des proportions très inquiétantes, ses achats d’obligations de l’Etat français. Les pays européens sont, à l’instar des principales banques du Vieux-Continent, sous injection. Dès que la BCE envisagera de sortir de ses mesures exceptionnelles, tout le château de cartes difficilement bâti depuis 2008 s’effondrera.
Alors, l’un des scénarios les plus probables, et évoqué en début d’année dans nos “Prévisions économiques et forex pour 2012”, sera celui d’une scission en deux de la zone euro avec d’un côté les pays du Nord compétitif et de l’autre les pays du Sud. Idéologiquement, la France serait nettement plus prompte à intégrer le groupe des pays méditerranéens qui veulent notamment que la BCE se mêle de la conjoncture et qui partent avec des difficultés importantes en termes de déficit budgétaire et de commerce extérieur. Toutefois, afin de ne pas perdre la face, il y aurait alors un fort risque que la France se maintienne coûte que coûte dans un nord compétitif avec en son centre l’Allemagne qui ferait la promotion de l’orthodoxie monétaire et d’une devise forte. Tout l’inverse de ce dont aurait besoin de la France.