Bankia, banque espagnole sous tutelle de l’Etat depuis le 9 mai dernier, n’en finit plus d’inquiéter les marchés et les autorités. Alors que la banque est sur le point de représenter le sauvetage financier le plus honéreux de l’histoire espagnole, des questions se posent sur les conséquences de ce sauvetage et sur la possibilité d’une déstabilisation du secteur bancaire et de l’Etat espagnols.
Née en juillet 2010 de la fusion de sept établissements, l’institution devait incarner le renouveau d’un système bancaire assaini, et permettre ainsi de tourner la page de la crise immobilière.
Force est de constater qu’il n’en a pas été ainsi, et que les institutions bancaires espagnoles paient encore aujourd’hui leurs largesses des années 2000-2007; années fastes où les banques, peu regardantes sur la condition des emprunteurs, finançaient les projets immobiliers à tout crin.
Un colosse aux pieds d’argile…
Avec 12 millions de clients et des actifs d’une valeur de 275 milliards d’euros en 2011, Bankia semblait pourtant avoir les reins solides et avait même réussi à séduire les investisseurs lors de son entrée en bourse avec plus de 3 milliards d’euros levés sur les marchés.
La principale faiblesse de Bankia vient en réalité de sa maison mère : Banco Financiero y de Ahorros (BFA), qui compte près de 38 milliards d’euros de créances immobilières. BFA avait bel et bien commencé son travail de restructuration en liquidant une partie de ses créances douteuses, mais la crise économique actuelle est venue remettre en cause ce redressement. Alors que début 2012 la banque tablait sur un bénéfice de 41 millions d’euros, elle s’est vue contrainte d’annoncer une perte de 3.3 milliards d’euros pour 2011.
Qui menace tout un système
Selon les analystes, l’Espagne aurait besoin de 60 à 200 milliards d’euros pour recapitaliser son secteur bancaire. Or, dans la situation actuelle qu’elle traverse, l’Espagne ne peut se permettre un tel effort financier. Les regards se tournent donc actuellement vers l’Europe, et vers le futur Mécanisme Européen de Stabilité (MES) qui pourrait être autorisé à recapitaliser les banques espagnoles. Cette solution permettrait ainsi à l’Espagne d’éviter un plan de sauvetage et la mise sous-tutelle allant avec.
Une autre possibilité est également étudiée par l’Europe qui envisagerait une «Union bancaire» attribuant aux gouvernements nationaux un «pouvoir d’intervention agressif» et les autorisant à prendre le contrôle des banques en difficulté. Ce qui permettrait de faire peser les pertes financières sur les créanciers, plutôt que sur les contribuables.
Quoiqu’il en soit, il faut agir vite afin d’éviter une généralisation des problèmes de Bankia à l’ensemble d’un secteur où les interconnexions sont nombreuses et où la confiance joue un rôle primordial. La Commission européenne fera part de ses propositions bientôt, mais d’après les dernières nouvelles, une prise de contrôle par un fonds unique européen n’est pas envisagée.