Renégociation du mémorandum de février dernier en Grèce, demande de l’Irlande de bénéficier des mêmes avantages que l’Espagne dans le cadre de l’aide au secteur bancaire, la remise à plat des récents accords de sauvetage de la zone euro pose la question de la situation du Portugal, pays qui a aussi fait l’objet de l’aide de la Troïka (BCE, FMI et CE).
Les problèmes du Portugal ne datent pas de maintenant. Cela fait plus d’un an que ce pays est dans une situation délicate avec des problèmes de liquidité.
Les origines de cette crise sont jugées par certains d’ordre plus structurel que bancaire accusant ainsi principalement le changement de modèle économique qui a suivi la mise en place de la zone euro. Une fois n’est pas coutume, l’imposition de l’euro n’a pas eu que des effets bénéfiques pour les pays du Sud de l’Europe qui accusaient un retard productif et économique important par rapport aux voisins du Nord.
En 2010, déjà, des mesures d’austérité avaient été prises pour réduire les déficits publics du pays mais ces mesures ne furent pas suffisantes et le pays a été contrait, après avoir résisté longtemps aux pressions des autres membres de l’euroland mais aussi aux pressions des marchés, de demander une assistance financière à la Commission Européenne. En mai 2011, un prêt de 78 millions d’euros de la part de l’UE et du FMI, lui a ainsi été accordé sous conditions de respecter les engagements fixés. Dans la foulée, le pays avait vu évidemment sa note abaissée par les agences de notation sanctionnant logiquement les errances du Portugal.
Aujourd’hui, le Portugal a presque réussi à reconquérir la confiance des investisseurs, tant bien que mal. Le Premier ministre portugais a déclaré début juin que son pays souhaitait “réparer les erreurs du passé et honorer les engagements pris“. Cependant, avec les évènements en Grèce et en Espagne, la banque centrale du Portugal craint un effet de contagion. Ainsi, la Banque du Portugal estime que le ralentissement de l’activité économique déjà enregistré par le pays n’est pas près de s’arrêter dû au trop grand nombre d’entreprises en faillite ou en état d’insolvabilité et à une hausse du chômage qui a atteint un taux inquiétant de 15%. Une récession de près de 3% du PIB est également à prévoir cette année.
Les défis sont nombreux mais les efforts du Portugal sont appréciés de ses partenaires, ce qui ouvre la voie au versement prochain de 4.1 milliards d’euros dans le cadre des 78 milliards accordés. Cependant, l’avenir du Portugal est encore incertain. Les retombées de la crise souveraine pourraient réduire à néant les efforts de Lisbonne, et comme dans le cas de l’Espagne, on évoque de nouveau la possibilité que trois des quatre plus grandes banques du pays sollicitent une aide publique, de quoi contre-carrer sérieusement le retour prévu en septembre 2013 du pays sur les marchés financiers.