Le 13 février dernier, l’AMF avait de nouveau autorisé les ventes à découvert sur les titres émis par dix grandes banques et sociétés d’assurances en France après une interdiction de plusieurs mois, en France mais aussi dans d’autres pays, suite aux évènements d’août 2011.
Lundi dernier, un scénario quasi-similaire s’est répété puisque l’Italie et l’Espagne ont décidé d’interdire cette pratique pour limiter la volatilité des bons des deux pays et surtout éviter la spéculation à la baisse en ces temps de crise sans précédent.
Mais qu’appelle-t-on exactement vente à découvert (“short selling” ou “shorting” en anglais)?
Bien que simple, cette pratique peut paraître étrange aux non-initiés. La vente à découvert consiste à emprunter un actif en s’engageant à le rendre à un certain prix à une certaine date pour finalement percevoir un bénéfice.
Etudions un exemple extrêmement simplifié: j’emprunte une action actuellement cotée à 50$ et promet de la restituer un mois plus tard. Pensant que cette action va baisser, je la vends 50$ à un tiers. Un mois plus tard, l’action est cotée 40$. Je la rachète à un tiers et la restitue à la banque en payant un intérêt sur mon emprunt. Mon bénéfice est donc: 50$ – (40$ + intérêt).
Cet exemple est bien sûr simplifié car d’autres facteurs interviennent lors d’une vente à découvert, mais vous avez compris la démarche principale de cette pratique.
On notera que la vente à découvert à nu permet même aux cambistes de vendre un actif sans le posséder initialement! On voit déjà pointer les nombreux risques liés à la spéculation…
Pourquoi interdire la vente à découvert?
Vendre à découvert permet de fluidifier le marché en facilitant les échanges. Mais en permettant aux cambistes de spéculer à la baisse sur l’Espagne ou l’Italie, ces pays prenaient un risque très élevé pour leur taux d’emprunt (l’Espagne frolant actuellement le taux fatidique et insoutenable à long terme des 7%).
L’Italie a donc décidé d’interdire cette pratique pendant cinq jours (jusqu’à vendredi) et l’Espagne pendant trois mois. Cette décision n’a pas rassuré les investisseurs car cela représente un aveux de ces deux pays quant à leur instabilité financière. C’est pour cela que la Bourse de Madrid cédait 1.1% en clôture lundi et celle de Milan 2.76%.
Interrogée sur le sujet, l’AMF a déclaré qu’ “une telle décision n’a pas lieu (encore) d’être en France“. On gardera cependant en mémoire que la crise que nous traversons rappelle justement les remous de l’été passé, mais en pire…