Même si la plupart des regards sont tournés vers l’Europe et plus précisément sur les moyens dont elle va se doter pour sortir de la crise, les Etats-Unis jouent une partie de leur avenir cette semaine.
En effet, aujourd’hui et demain a lieu un comité de politique monétaire (FOMC) au cours duquel sera disséqué l’état de l’économie américaine afin de décider quelles mesures de soutien sont nécessaires, car n’oublions pas que la croissance américaine est en phase de ralentissement à 1.5% en rythme annuel et que le chômage, pour ne citer que ces indicateurs, n’arrive pas à passer pour la barre des 8%.
Cinq options sont à la disposition de la banque centrale américaine (FED) afin de relancer la croissance économique, classées dans deux types de catégories: d’un côté, les interventions pragmatiques avec la hausse ou pas du taux directeur américain ou encore la diminution envisagée du taux servi aux banques pour leurs dépôts, de l’autre, le rachat d’obligations (Quantitative Easing numéro 3, “Opération Twist“).
Etudions les interventions dites pragmatiques en premier lieu.
Tout d’abord, la FED pourrait décider de ne pas augmenter le “federal funds rate” en somme son taux directeur jusqu’à non plus fin 2014 comme elle s’était engagée mais plutôt jusqu’à mi-2015. Cette nouvelle, certes positive, n’aurait pas de conséquence majeure sur les marchés financiers.
Une autre possibilité serait au contraire la diminution par la FED de son taux directeur. En effet, depuis la crise des subprimes, la FED laisse évoluer son taux dans un corridor compris entre 0% et 0.25% ; elle pourrait le ramener plus près de 0%. Les analystes doutent de l’intérêt de cette option car les taux sont déjà pratiquement nuls, sans tenir compte de l’inflation.
Diminuer le taux servi aux banques pour leurs dépôts à la FED a été également évoqué ; cette diminution vise à convaincre les établissements financiers de prêter cet argent plutôt que de le stocker. En effet, si le taux de dépôt des banques commerciales auprès de la banque centrale est inférieur au taux de prêt, les banques accepteront de nouveau de prêter de l’argent dans un souci de rentabilité. Cette solution est envisagée, sans être la plus probable, par le marché car ce faisant les Etats-Unis assureraient le financement de l’économie et permettraient de rompre la tendance baissière du PIB américain. Si l’abaissement du taux était effectif, il s’agirait d’une baisse d’environ 10/12 points de base comme l’avance Michael Feroli, chef économiste chez JPMorgan Chase.
Cette mesure pourrait aller de paire avec la poursuite de l'”Opération Twist” qui a décidé jusqu’à la fin de l’année. Cependant, force est de constater que cette opération n’a pas jusqu’à présent porter ses fruits. Dans les faits, l'”Opération Twist” n’a pas vraiment profité aux ménages et aux entreprises qui ne bénéficient que partiellement de la baisse des taux d’intérêt.
Par conséquent, en tenant compte de ce constat, les marchés considèrent que la plus forte probabilité est un nouvel assouplissement quantitatif. Appelé assez familièrement QE3, il s’agirait du troisième quantitative easing dans lequel la FED ferait le choix d’acquérir des titres longs c’est-à-dire de faire tourner la planche à billets. Cependant relancer ce programme d’achat d’obligations engendrerait un effet inflationniste et de ce fait une dépréciation du cours du dollar, mais dans un second temps ce nouvel assouplissement en dévaluant le dollar favoriserait les exportations. Cependant, la FED est-elle prête à se lancer dans une troisième phase d’assouplissement monétaire sachant que par le passé plusieurs membres du FOMC qui étaient opposés? Ben Bernanke a même d’ailleurs repoussé il y a encore quelques mois cette option.
Pour certains analystes, la FED aurait dû mettre en place cette mesure il ya six semaines, quand ses prévisions économiques sont apparues comme clairement trop optimistes. Si les chiffres de la croissance s’avèrent moins mauvais que prévu, la banque centrale américaine se verra freiner dans son ambition de mettre en route une troisième phase d’assouplissement monétaire. Pour les analystes de la Commerzbank, une nouvelle vague d’assouplissement monétaire est peu probable, la FED repoussera la date de prise de décision afin de prendre connaissance des mesures de la BCE avant d’agir. Une décision ne pourrait donc intervenir que vers mi-septembre, les marchés ne doivent donc pas attendre trop de cette réunion, au risque d’être fortement déçus.