Maître d’œuvre du sauvetage de l’euro, les propos présents de Mario Draghi sont surveillés de près…mais aussi de plus en plus son passé et ses liens avec le monde de la finance. Comme si l’actuel président de la BCE, sur lequel les marchés financiers fondaient de grands espoirs, n’avait pas déjà suffisamment à faire! En l’espace d’une semaine, les accusations ont redoublé d’intensité contre le chef de la politique monétaire de la zone euro. Et ce n’est pas en raison de son manque d’action lors de la réunion mensuelle du Conseil des gouverneurs. En fait, l’italien est accusé de lobbying en faveur de grandes banques. Son appartenance au G30 n’a pas manqué de rappeler à l’Observatoire de l’Europe industrielle son rôle de vice-président de Goldman Sachs pour l’Europe au début des années 2000. A l’époque, la banque d’affaire aide la Grèce à maquiller une partie de sa dette. Aujourd’hui le rôle de Mario Draghi se joue dans la résolution de la crise financière en Europe, et les accusations pour conflit d’intérêt tombent à pic pour entraver la confiance des investisseurs de la zone euro.
Mais si l’ONG accuse le G30 d’influencer les choix politiques en matière de finance, l’implication dans le think tank de Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque populaire de Chine, et de Masaaki Shirakawa, gouverneur de la Banque du Japon n’a pourtant jamais posé la question du conflit d’intérêt. La critique apparait plutôt injustifiée vu que le G30 regroupe plusieurs figures emblématiques de la finance. Peut-être parce qu’au-delà des accusations portant sur son appartenance à ce groupe prestigieux, certains membres de la famille de Mario Draghi travaillent pour Morgan Stanley, ce qui accentue les suspicions. Son fils y serait trader spécialisé dans les produits de taux. Et rebelote, conflit d’intérêt présumé! Tous ces faits alimentent les propos réprobateurs car même ce Grand Officier de l’Ordre du Mérite de la République italienne n’a pas droit au bénéfice du doute.
D’ailleurs, ses promesses ne suffisent plus et soudainement ses propos sont jugés imprécis. Si les annonces de la BCE ne calment plus l’inquiétude des investisseurs, la situation risque de se dégrader pour l’Europe. Le continent a déjà vu certains placements s’orienter vers le Royaume-Uni. En attendant, la BCE a jusqu’à fin octobre pour rendre une réponse sur le sujet. Dans ce contexte de crise, elle doit veiller particulièrement à sa crédibilité.