Avant toute chose, des présentations s’imposent: Nés sous les noms de Federal National Mortgage Association et Federal Home Loan Mortgage Corporation, Fannie Mae et Freddie Mac sont des entreprises semi-privées de refinancement hypothécaire. Leur but est d’augmenter la liquidité du marché des prêts hypothécaires mais avec la crise de subprimes en 2008, Fannie Mae et Freddie Mac ont subi de lourdes pertes et se sont très vite retrouvés dans l’incapacité de financer le secteur. Depuis 2009, les demandes d’aide des deux organismes s’enchainent et totalisent aujourd’hui un montant de 180 milliards de dollars.
Vous l’aurez compris, les deux géants américains ont étés durement affectés par l’éclatement de la bulle immobilière et c’est ce qui leur a valu leur très sévère mise sous tutelle. Ce qui est plus difficile à concevoir, c’est que récemment l’Etat a laissé entrevoir la piste d’une simple réduction des portefeuilles alors qu’en 2011 il a proposé 3 pistes de réformes complètes qui convergeaient toutes vers un démantèlement…
Vendredi dernier, le gouvernement a affirmé sa volonté de réduire rapidement le portefeuille d’investissements de Fannie Mae et Freddie Mac. Pour tenir ce nouveau rythme d’allégement fixé à 15% par an, l’Etat “propose” de se servir directement dans les bénéfices des deux groupes.
Fannie Mae et Freddie Mac sont de bons élèves. En 2012, ils ont renoué avec les bénéfices. Et dès qu’il a été question de gains, le gouvernement américain a saisi l’opportunité de gonfler son budget! Les motivations de l’Etat sont à la hauteur des chiffres en jeu. Les deux sociétés font partie du groupe des entreprises trop grosses pour faire faillite, les fameuses “too big to fail”.
Pour réaliser l’ampleur des chiffres impliqués, Fannie Mae a récemment publié un bénéfice de 5.11 milliards de dollars au deuxième trimestre, contre une perte de 5.17 milliards un an auparavant, et avec le versement du dividende de 2.93 milliards de dollars, le bénéfice net du groupe est de 2.18 milliards.
C’est moins de 10 jours après la publication des très bons chiffres de Fannie Mae que le Trésor américain a fait parler de lui. Il voit en ces bénéfices la seule opportunité d’assurer le versement du dividende. Pourtant, fidèles à leur principe de bons élèves, les deux géants américains ont déjà reversé plus de 45 milliards de dollars en dividende depuis 2008. Mais le Trésor n’est toujours pas satisfait. Donc depuis vendredi dernier, l’Etat a opté pour le remboursement des fonds qu’il a injectés dans les deux groupes, sous forme d’un dividende annuel de 10%. En fait, le nouveau plan imposé à Fannie Mae et Freddie Mac permettra à l’Etat de reprendre l’intégralité de leurs prochains bénéfices. En réformant le projet de démantèlement de ces deux organismes, il n’a pas fait les choses à moitié.
Le problème qui se pose c’est que cet impératif les pousse à prendre sur le remboursement du crédit qu’il leur a accordé pour assurer le versement de ce dividende. Une situation bien difficile à tenir. Cependant, le plus drôle dans cette histoire reste la proposition faite par le gouvernement en contrepartie de cet avantage: les deux organismes de refinancement hypothécaires pourront compter sur son soutien en cas de besoin. Attention Washington, les bons élèves ne font pas deux fois les mêmes erreurs!