La politique monétaire plus qu’accommodante de la banque centrale américaine (FED) a créé d’importantes distorsions au niveau du fonctionnement des marchés financiers. Ce n’est un mystère pour aucun expert. Avec des taux au plus bas, les investisseurs se replient mécaniquement sur des actifs à haut rendement ce qui explique en grande partie la spectaculaire hausse depuis deux ou trois ans du marché obligataire des pays émergents.
Recevant des montagnes d’argent chaque mois, les grands fonds d’investissement, spécialement américains, doivent bien placer ces sommes quelque part. Motivés par l’appât du gain, ils ont tendance à investir sur les obligations des pays émergents qui présentent un haut niveau de rendement. C’est ce qui explique l’attrait croissant pour les obligations du Brésil ou même de certains pays africains.
Mais cette bulle spéculative, comme les autres, va finir par éclater. Dès que la situation de “bull market” sur le marché obligataire se transformera en “bear market”, les pertes seront énormes pour ceux qui n’auront pas su anticiper le retournement du marché. Pour l’instant, l’optimisme est de mise car la banque centrale américaine a affirmé récemment que les taux pourraient être maintenus à zéro jusqu’à au moins 2015. Cela permet entre-temps aux investisseurs de faire de beaux gains sur le marché obligataire.
Cependant, le revirement pourrait avoir lieu plus tôt, avec des conséquences donc plus tragiques. Goldman Sachs mettait ainsi en garde la semaine dernière les investisseurs au sujet de l’impact d’une victoire de Mitt Romney. Ce dernier a, en effet, affirmé qu’il nommerait à la tête de la FED un homme qui partagerait ses vues et notamment s’opposerait à la politique d’assouplissement quantitatif mise en oeuvre par Ben Bernanke. Il faudra alors espérer que l’économie américaine soit assez forte, même en cas d’absence d’accord sur le plan fiscal au niveau du Congrès, pour digérer un revirement de politique monétaire. Cette translation sera dans tous les cas progressive mais elle impactera dès les premières mesures fortement le marché obligataire des pays émergents devenu le nouveau terrain de chasse des spéculateurs, avec des pertes qui pourraient atteindre des millions voire des milliards de dollars.
On laissera la parole pour conclure à Josh Brown, un expert très respecté aux Etats-Unis qui conseille les investisseurs: “Il y aura un tel massacre brutal des investisseurs obligataires à un certain point au cours des dix prochaines années que les rues du quartier des fonds de placement à Boston seront couvertes de sang“.