La situation des Etats-Unis a de quoi laisser perplexe. En effet nous nous retrouvons dans la même situation que l’an dernier, à savoir que pour éviter les coupes budgétaires drastiques et les fortes hausses d’impôts qui seront imposées au pays, le président Obama va devoir trouver un accord avec le Congrès majoritairement républicain, ce qui présage un feuilleton politique mouvementé.
Si aucun accord n’est trouvé, la hausse d’imposition portant sur les ménages pourrait réduire fortement leurs dépenses de consommation (moteur de la croissance américaine), selon les conseillers économiques de Barack Obama, d’environ 200 millions de dollars. Dans ce cas la récession sera plus que jamais d’actualité, et Mr Bernanke pratiquera sans aucun doute un nouveau plan de quantitative easing, ayant pour conséquence une forte baisse du dollar par l’expansion monétaire.
Si un accord est trouvé, il restera le soucis majeur à régler: la dette de 26000 milliards de dollars, rien que ça. Autant dire que derrière le “fiscal cliff” se cache une montagne, bien plus imposante.
Enfin il ne faut pas oublier la forte contraction des valeurs technologiques américaines depuis presque 6 semaines, plutôt mauvais signe quand on sait qu’elles représentent aussi près de 20% du S&P500.
Du côté du Japon c’est tout aussi compliqué. Alors que les chiffres du troisième trimestre annoncent une baisse du PIB de 3.5% en rythme annualisé, le Premier ministre Noda a annoncé la dissolution du parlement et la mise en place d’élections anticipées qui auront lieu le 16 décembre.
Si Noda et son parti perdent ces élections anticipées, il est fort possible que son successeur soit de la droite conservatrice. Ce courant ayant pour volonté de réformer la BoJ et par la même occasion de procéder à un énième quantitative easing (illimité cette fois ci). Tout ceci alors que la BoJ vient d’annoncer le maintien de ses taux directeurs entre 0% et 0.1%.
Dans cette optique il est fort possible que le yen se déprécie fortement, mais que les conditions ne s’améliorent pas forcément, puisque les taux sont déjà extrêmement bas depuis des années au Japon.
Le tout sera donc de savoir laquelle de ces deux économies s’en sortira le mieux à court et moyen terme pour pouvoir anticiper la tendance de l’USD/JPY.
Analyse technique:
D’un point de vue graphique, la tendance de ce cross est légèrement à la baisse après avoir atteint, grâce à une forte hausse depuis la fin septembre, un plus haut depuis le 02 avril à un peu plus de 82.80 yens pour 1 dollar jeudi dernier. Actuellement il oscille autour des 82.00.
Difficile de savoir si cette baisse est due au climat économique et politique ou à une correction graphique.
Néanmoins si la baisse venait à se confirmer, l’USD/JPY pourrait venir tester des supports de plus en plus forts, chaque franchissement donnant plus d’intensité au mouvement. Voici les trois supports identifiés sur un graphique journalier: 81.00, 79.23 puis enfin 77.38.
En cas de simple correction et de reprise de la hausse, le cours pourrait se rapprocher de son plus haut de jeudi dernier. Si cette résistance est cassée de façon significative à la hausse, les deux étapes suivantes seront 84.17 puis 85.52 qui reste le plus haut depuis le 6 avril 2011!
Ce qu’il peut être bon de suivre cette semaine:
• les évolutions politiques aux Etats-Unis notamment au sujet du “fiscal cliff“, même si les impacts se verront plus à moyen terme avec une contraction (ou non) de la demande des ménages ou une augmentation du billet vert en circulation par la FED.
• les évolutions politiques japonaises qui peuvent donner lieux à des rebondissements à un peu plus de deux semaines des élections anticipées. Si les conservateurs arrivent au pouvoir on peut s’attendre à une baisse du yen (donc hausse du cours USD/JPY) après des mesures d’expansion monétaire.
• les chiffres des commandes de biens durables aux Etats-Unis attendus en nette baisse par rapport au mois dernier (-0.6%), ce qui peut être un signe en faveur d’une baisse future du dollar.
• Les ventes au détail annuelles du Japon qui sont prévues en forte baisse et qui seraient dans la lignée des mauvais chiffres actuels (ce qui affaiblirait le yen).
En clair cette semaine est plutôt imprévisible et peut être mouvementée en cas d’indicateurs qui pourraient s’avérer meilleurs (ou pires!) qu’attendus, ou de signaux politiques forts.
La prudence sera de mise!