Les violences post-électorales liées à la présidentielle du 14 avril au Venezuela ont engendré une forte tension sur les marchés financiers, et notamment le marché obligataire.
Suite à la constatation d’irrégularités dans certains bureaux de vote du pays, ce qui pourrait concerner près de 300 000 votes et impliquer un changement radical du résultat de l’élection, le candidat de l’opposition Henrique Capriles Radonski avait appelé à un recomptage des suffrages et à des manifestations pacifiques de ses partisans pour appuyer cette demande. Cependant, ces manifestations ont dégénéré rapidement, provoquant jusqu’à présent la mort de sept personnes. Afin d’apaiser la situation, Henrique Capriles a appelé à une suspension des manifestations aujourd’hui mais selon de nombreux analystes spécialistes de la région, une escalade de la violence est fortement probable. Le candidat du pouvoir en place, Nicolas Maduro, a ainsi à maintes reprises attisé le feu en promettant aux manifestants de recourir à la force contre eux.
La dégradation de la situation politique dans le pays a entraîné sans surprise pour les observateurs une chute phénoménale des obligations libellées en USD du Venezuela, la chute la plus importante depuis quinze ans. Même pendant le coup d’Etat de 2002, les obligations du pays avaient mieux résisté. Les marchés financiers craignent que l’instabilité politique ne se répercute sur l’économie qui vient à peine de sortir de la récession et qui fait face à de nombreux défis, dont une pénurie d’aliments de base en raison du contrôle des prix imposé par le gouvernement. En dépit des mesures prises sous Chavez, il n’en demeure pas moins que l’inflation est à un niveau extraordinairement élevé, à près de 25% en mars, selon les données officielles, le plus haut d’Amérique latine. L’indice de pénurie de la banque centrale, qui mesure la pénurie alimentaire dans les supermarchés, a atteint un record à 20.4% en janvier. De tels chiffres montrent les lacunes évidentes de la politique économique, budgétaire et monétaire du gouvernement alors que le pays possède selon les recherches les plus récentes de l’OPEP les premières réserves mondiales de pétrole.
Les obligations du Venezuela devraient continuer à chuter tant que l’instabilité politique et ses conséquences économiques resteront au premier rang de l’actualité, soulignant au passage les futures difficultés du pays de répondre aux engagements qu’il a pris vis à vis de ses créanciers.
L’appel au calme lancé par le candidat de l’opposition permet de gagner du temps selon les politologues mais de nouvelles violences sont à redouter tant qu’une solution politique au résultat disputé de l’élection présidentielle n’aura pas été trouvé. A en juger par les récents commentaires du candidat du pouvoir, Nicolas Maduro, qui a qualifié son adversaire d’ “assassin”, les violences et l’instabilité pourraient se prolonger encore pendant plusieurs semaines et avoir des répercussions désastreuses sur l’économie en effrayant les investisseurs étrangers déjà échaudés par les nationalisations et expropriations des dernières années.