La crise financière de 2007 n’a pas fini de déployer ses effets, mais une cause serait déjà identifiée: ce serait l’enseignement que donnent les mathématiciens aux étudiants qui se destinent à la finance et qui vont opérer les coups boursiers. Sans qu’ils ne s’en rendent compte,ce qu’ils font a des conséquences économiques désastreuses.
Qu’est-ce qu’une crise?
Une crise est un processus de retournement du cycle économique en son point le plus haut, qui interrompt une phase d’expansion et précipite l’économie dans la dépression. Elle a des répercussions négatives au plan financier, bancaire, économique et social.
Qu’est-ce qu’un Subprime?
Les subprimes sont des crédits de deuxième catégorie avec des taux d’intérêt variables, des remboursements qui ne commencent qu’après la seconde année pour attirer les clients. De plus, les banques, pour ce genre de crédits, utilisent souvent des intermédiaires payés à la commission qui cherchent donc à faire du chiffre sans se soucier des conséquences financières.
Autrement dit, les banques commencent à chercher des emprunteurs à risque qui veulent quand même devenir propriétaires de leur logement (c’était le cas aux Etats-Unis) vu que tous les emprunteurs solvables avaient déjà obtenu des crédits et pour rentabiliser plus de liquidités elles ont commencé à prêter aux NINJAS (acronyme de: No Income, No Jobs, No asset) donc à des populations qui n’ont ni revenus fixes (No income), ni travail (No jobs), ni patrimoine (No Asset)! Quelle importance puisque ce sont des prêts hypothécaires (reposant sur le logement dont la valeur ne cesse d’augmenter)! Ces nouveaux crédits sont des SUBPRIMES.
En 2000, David Li, mathématicien chinois travaillant chez JP Morgan, publia un article qui donnait des nouvelles perspectives pour la finance du marché et surtout pour contourner le risque de défaut sur les titres. Il a découvert un produit financier idoine pour y répondre: le CDS. Le Credit Default Swap est un contrat d’assurance dans lequel une entité verse des primes à une autre entité qui, en cas de défaut, rembourse le montant de la perte pour se protéger contre le défaut de paiement d’un actif quelconque (société, pays, actif financier). Il suffit donc, pour chaque produit subprime (CDO), de lui associer un CDS élaboré à partir des mêmes caractéristiques: si les cessations de paiement des emprunteurs immobiliers augmentent, le cours du CDS augmentera et compensera ainsi la perte. Le CDS permet ici, à lui tout seul, de mesurer le risque: si son cours monte, cela signifie que le risque de défaut sur le CDO associé augmente, et inversement. En théorie, cela est imparable et cela explique aussi bien la notation “triple A” (la meilleure possible) conférée par les agences de notation à ces produits que l’explosion du nombre de CDS émis dans les années 2000.
La “copule gaussienne”, qui mesure le risque de corrélation (le défaut simultané de plusieurs débiteurs), fut élaborée à partir des données dont on disposait alors, soit un historique de dix ans, moment où apparurent les subprimes et, accessoirement, période pendant laquelle le marché immobilier américain ne fit que monter! Un peu court et trop optimiste. En outre, comme son nom l’indique, la loi de probabilité de référence est la courbe de Gauss…La probabilité d’une crise devenait donc infinitésimale, en théorie. Ce qui nous renvoie à Benoît Mandelbrot qui a testé la loi normale (ou courbe de Gauss) sur les données réelles constatées sur le marché boursier. Il découvre qu’au delà des variations de grande ampleur plus fréquentes que ne le suppose la loi de Gauss, le processus brownien sur lequel repose la courbe est pris en défaut.
La crise a montré que les mathématiques permettent d’esquiver les pires coups des marchés mais pas de prédire les cours. Il est grand temps, pour tous les financiers de la planète, de se pencher sur les découvertes de Mandelbrot qui reste encore trop méconnu.