La mesure de la croissance est une construction largement comptable. Décriée, car elle ne prend pas en compte de nombreux facteurs sociaux et environnementaux, ou encore car elle risque de s’amenuiser avec la stabilisation de la population mondiale, source de progrès technique selon la théorie de la pression créatrice, et des gains de productivité, la croissance quantitative est définie dans nos économies normées par le PIB.
Nonobstant les critiques, le PIB est la création comptable à ce jour la plus à même de montrer les écarts de richesse entre les pays. Cependant, le PIB a certainement une grande marge d’évolution devant lui, comme en témoignent d’ailleurs les modifications qui viennent d’être apportées à son calcul par les Etats-Unis.
Suivant les recommandations des Nations unies (2008), Washington a opportunément décidé de changer la méthodologie du calcul du PIB depuis le 31 juillet en intégrant l’apport de la production intellectuelle dans l’économie nationale. Ce qui recoupe les dépenses en R&D, mais également dans le domaine du divertissement, de la création littéraire ou artistique.
Cette nouvelle méthodologie demeure encore peu admise, à l’exception précédemment du Canada et de l’Australie. Mais, les Etats-Unis l’ayant adopté, il y a fort à parier que l’Europe en fasse de même.
Cette évolution va nécessairement ajouter des inputs importants et se traduire par quelques points de PIB en plus. Toutefois, les critiques demeurent quant à cette approche: bien que les dépenses en R&D soient nécessaires au cycle de croissance, comme l’a expliqué la théorie de la croissance endogène de P. Romer, il est difficile de quantifier leurs retombées qui sont parfois négatives. C’est même quasiment impossible pour les dépenses du domaine de la création artistique ou littéraire, créant ainsi un biais méthodologique.
Plus prosaïquement, certaines voix craignent que cette hausse mécanique du PIB entraîne un relâchement des efforts de désendettement en cours. Cette critique pourrait éventuellement être valide dans le cas de l’Europe, à terme, mais pas dans celui des Etats-Unis, pays qui continue de profiter de sa position internationale pour justement reporter les efforts indispensables pour rétablir une réelle marge de manoeuvre budgétaire.
En tout cas, il faudra désormais regarder avec encore plus d’attention les prochaines statistiques du PIB américain qui devraient certainement ressortir meilleures que prévu avec l’intégration de la production intellectuelle dans la compatibilité nationale!