Le 28 juin dernier, François Hollande déclarait qu’au “milieu de l’année 2014, il y aura l’ensemble des mécanismes – supervision, résolution, recapitalisation des banques – permettant de protéger l’Europe de toute crise bancaire”. Bref, tout l’outillage nécessaire à la couverture et au secours des banques prenant trop de risque, évitant ainsi un Lehman Brother européen. A travers ces mécanismes, la zone euro se mettrait alors à l’abri du risque bancaire, et ils constitueraient une solution-miracle. L’euro pourrait-il devenir une valeur refuge sur le forex?
L’Union Bancaire est une avancée de la construction européenne, dans un domaine davantage politique qu’économique. Elle vient toutefois parfaire le marché unique européen à travers trois points que Mr Hollande évoque. Il s’agit d’abord d’une supervision centralisée, aux mains de la BCE et des représentants nationaux, qui s’assurera que les normes prudentielles sont bien appliquées. Puis vient le mécanisme de résolution unifié qui pourra renflouer ou liquider une banque à l’échelle européenne plutôt que nationale. Enfin une harmonisation des garanties des dépôts effectués en Europe couvrira identiquement les clients en cas de faillite bancaire.
Cette harmonisation de la protection des dépôts est indéniablement un point positif pour le tissu économique européen. Confronté à une faillite de banque, un Etat se doit d’aider les clients (au moins nationaux) à récupérer une partie de leurs dépôts. Ce devoir a un coût immense pour le Trésors. Ainsi, ce dispositif permettrait de diviser ces coûts entre les Trésors européens. Ensuite, le client d’une banque et celui d’une filiale seraient protégés de la même façon face à la perte de dépôt en cas de faillite. C’est que le dépôt dans une filiale est aujourd’hui moins à l’abri que dans la banque en elle-même puisqu’il faudra compter sur l’action d’un Trésors étranger.
En revanche, bien qu’il soit souhaité dans la même optique de mutualisation des risques, le mécanisme de résolution unifié cache une incitation très forte à la prise de risque. Le raisonnement est simple: les Etats-membres de l’Union Bancaire feront prendre des risques aux banques en sachant pertinemment qu’ils n’en paieront pas l’intégralité. L’Union bancaire s’inscrit alors dans la lignée des accords de Bâle III qui imposent des quotas de liquidité aux banques européennes, de sorte que le tissu bancaire européen dans son intégralité soit soumis aux mêmes restrictions et dispose des mêmes protections.
Enfin, l’Union bancaire délivre à la BCE des pouvoirs supérieurs, et édite en ce sens des règles de supervision communes à l’Europe. C’est que l’uniformité des normes prudentielles prive d’une grande partie de leurs pouvoirs les superviseurs nationaux qui disposaient de règles plus strictes. De nombreuses banques prendront alors davantage de risque puisque ce qui n’est pas –ou plus- interdit est autorisé. Enfin, le transfert de responsabilité des superviseurs nationaux à une autorité supérieure va inciter à être davantage encore laxiste envers les pratiques bancaires.
En définitive, l’Union Bancaire n’améliore donc aucunement le fonctionnement des banques modernes en elles-mêmes, sinon généralise les principes déjà existants. Doit-on craindre pour autant l’aléa moral dénoncé à de maintes reprises lors de la crise de 2008 et des années qui suivirent? Couplée à l’éventail de réformes européennes de prudence, il se pourrait bien qu’il s’agisse là d’une des meilleures solutions que l’on ait pu trouver. Cependant, cette Union Bancaire s’impose également aux pays à tissu bancaire hypertrophié (Luxembourg et Chypre notamment), ce qui ne manquera surement pas de perturber l’économie de ces pays. Une affaire à suivre, surtout si vos brokers se trouvent dans l’un de ces pays. Notons toutefois que le plus sûr pour vos comptes reste l’Angleterre avec son territoire financièrement hospitalier de la City.