Robert Zoellick est certainement plus connu du grand public pour son rôle au sein des néo-conservateurs dans les deux administrations Bush que pour son mandat en tant que président de la Banque Mondiale. C’est en tout cas la nouvelle prise de la plus talentueuse banque d’affaires américaine, Goldman Sachs.
Le 7 octobre dernier, le PDG de la banque, Lloyd Blankfein, a annoncé aux médias la nomination de Robert Zoellick comme chef des conseillers internationaux, avec pour principale mission de permettre à la banque d’avoir ses entrées auprès des chefs d’Etat, notamment des pays émergents.
Ce n’est pas la première fois que Robert Zoellick va travailler au sein de Goldman Sachs puisqu’il fut pendant un peu mois d’un an, après sa démission du poste de secrétaire d’Etat adjoint, vice-président du conseil d’administration chargé des questions internationales. C’était de juillet 2006 à mai 2007.
Un parmi d’autres
Cette nomination devrait en tout cas favoriser les thèses les plus originales sur la supposée hégémonie de Goldman Sachs qui réussit à s’entourer des dirigeants internationaux aux réseaux les plus larges et qui a placé plusieurs de ses anciens à des postes clés, au sein de l’administration américaine, du gouvernement britannique ou à la tête de plusieurs banques centrales, en l’occurrence de la BCE et de la Banque d’Angleterre.
Cependant, cette stratégie de réseau n’est en aucune façon l’apanage de Goldman Sachs. Sa concurrente JP Morgan s’est offerte les services de l’ancien Premier ministre Tony Blair et même les banques françaises commencent à entrer dans le jeu puisque la BNP Paribas a recruté l’ex-patron de la BERD, Jean Lemierre.
Malgré le recentrage depuis la crise des subprimes sur leur coeur de métier, et aussi la forte limitation du champ de leurs activités sous l’effet de la régulation, en particulier le Dodd Frank Act pour Goldman Sachs, les banques à l’ampleur mondiale cherchent surtout à s’offrir la bienveillance voire la participation active des dirigeants politiques en place grâce à la constitution d’un carnet d’adresses qui fait pâlir.
Faut-il condamner ces pratiques?
D’un point de vue français, le pantouflage existe mais il est beaucoup plus dissimulé et moins institutionnalisé qu’aux Etats-Unis. Il peut être condamnable si derrière une telle pratique un conflit d’intérêt émerge. Autrement, il semble correspondre à une stratégie nécessaire pour les banques internationales qui évoluent dans un secteur très concurrentiel.
C’est bien souvent grâce aux relations amicales ou professionnelles tissées au plus haut niveau, surtout dans les pays émergents, que les contrats se concluent, et non pas parce que telle offre est en soi nettement supérieure aux autres.
En s’octroyant les services d’anciens hauts responsables politiques en fin de carrière, les banques comme Goldman Sachs s’assurent une présence internationale à bas coût et un réseau sans pareil.
Et les jeunes diplômés chez Goldman Sachs?
A côté de ces profils de haut niveau, Goldman Sachs est certainement aussi l’une des banques internationales qui cherche le plus à diversifier son recrutement en allant chercher des jeunes talents venus d’horizon différents. Faire carrière chez Goldman Sachs ne se résume plus à avoir un MBA en finance de marché!
Chaque année, la banque organise des sessions de recrutement centralisées pour entrer chez Goldman en tant qu’analyste ou associé. Le plus simple est toutefois, à moins d’avoir déjà une solide expérience dans les salles de marché ou la banque d’investissement, de postuler en tant qu’analyste. D’ailleurs, la prochaine session est pour début novembre donc si travailler à Goldman Sachs est votre rêve, n’attendez pas pour envoyer votre CV!