D’abord localisée en Suisse, l’enquête sur une possible manipulation des taux de change par de grandes banques internationales s’élargit chaque semaine un peu plus avec des investigations qui sont désormais menées également à Hong Kong, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, ce dernier pays concentrant près de 40% des échanges mondiaux sur le forex.
Rappel des faits
Le scandale a d’abord éclaté en Suisse où l’autorité de régulation, la FINMA, a révélé que des banques de premier plan (notamment Deutsche Bank, UBS, JP Morgan Chase, Barclays et Citigroup) auraient cherché à manipuler les taux de change sur le forex et spécifiquement les taux WM/Reuters.
Ces taux sont publiés toutes les heures pour près de 160 monnaies et toutes les demi-heures pour les 21 monnaies les plus échangées. Les taux sont ensuite fixes chaque jour à partir de 16h, heure de Londres. Ce qui est important avec les taux WM/Reuters, c’est qu’ils servent de taux de référence pour de nombreuses opérations et pour des acteurs de premier plan de la finance comme le groupe FTSE ou encore le MSCI.
En utilisant des plateformes d’échanges et de chat, certains traders de ces grandes banques auraient ainsi évoquer les positions prises, avec intention réellement de manipuler les taux WM/Reuters. Des enquêtes sont désormais en cours dans plusieurs pays et même l’UE semble s’y intéresser. Les autorités de régulation au Royaume-Uni ont pris possession des transcriptions des échanges par chat des traders suspectés d’avoir pris part à cette affaire et, selon une source au département de la Justice aux Etats-Unis, de hauts responsables suisses auraient été licenciés des banques pour lesquelles ils travaillaient. Déjà, les amendes commencent à pleuvoir, visant en particulier UBS qui a été fragilisée par plusieurs scandales depuis quelques années.
Vers un renforcement de la régulation?
Cette énième affaire de manipulation des taux, alors que les manipulations concernant le LIBOR sont encore dans tous les esprits, soulignent les errements de certaines institutions financières internationales.
L’imposition d’amendes dissuasives devraient au moins permettre d’éviter que de nouvelles affaires sur les taux de change n’émergent dans les années à venir. Mais, un renforcement des contrôles, s’il semble souhaitable, pourrait entraîner aussi des externalités négatives pour les investisseurs particuliers, accroissant ainsi les frais de transaction et augmentant les spreads appliqués par les brokers forex.
Comme c’est toujours le cas dans de tels scandales, il faut trouver le juste milieu afin d’éviter de nouveaux écarts mais aussi une régulation trop contraignante qui pourrait nuire aux échanges et à l’efficacité du marché. A l’heure actuelle, le débat sur un meilleur contrôle des taux WM/Reuters n’a pas encore débuté, les enquêtes étant en cours, mais à terme les régulateurs vont certainement chercher à établir des règles de bonne conduite qui soient respectées scrupuleusement par les financiers.