Que ce soit sur place du village ou dans les très élaborées salles de marché, on y fait toujours la même chose : des échanges. Mais pourquoi passons-nous notre temps à commercer ? Sans se lancer dans une apologie de la cupidité humaine, c’est bien parce qu’avec ce commerce, on s’enrichit. Loin de nous cette idée barbare et mercantiliste qui consiste à déclarer que l’on est plus riche que son voisin parce que l’on a davantage de monnaie, non ; ce serait retourner au XVII siècle. En effet, en ce temps-là, les monarques n’hésitaient pas à affirmer que l’Etat c’était eux, et que par conséquent, l’enrichissement des nations rimait avec leur enrichissement personnel. Ce courant de pensée aura même abouti à l’enrôlement de corsaires, pirates payés par l’Etat afin de saborder les navires étrangers, et au saccage de civilisations entières dans une fièvre bullioniste. C’est qu’il faut avant tout raisonner en termes réels : de telles pratiques mèneraient à une accumulation de métaux précieux qui, tout au mieux, favoriseraient le crédit, mais augmenterait les prix. Sur les territoires étrangers, les prix seraient bas, mais il ne nous est pas autorisé d’y acheter !
Le commerce enrichit tous les participants !
C’est au XVIII siècle qu’Adam Smith, le père fondateur de l’économie classique, souligne l’importance du libre-échange. Il démontre qu’il est bien plus intéressant de s’ouvrir à l’extérieur, une position que l’Angleterre gardera bien longtemps, en dépit-même de la montée du protectionnisme dans les années 1930. Afin de défendre sa position, Smith met à jour une notion qui aura de nombreuses filiations dans l’histoire de la pensée économique : l’avantage absolu. Il l’illustre ainsi : la Grande-Bretagne produit 100 mètres de draps en une heure et 100 litres de vin en une heure. Le Portugal quant à lui ne produit que 90 mètres de draps en une heure, mais 120 litres de vin en une heure. Alors, le Portugal aura intérêt à ne produire que du vin et l’échanger contre des draps britanniques ! La ressource qu’est le temps de travail est ainsi mieux allouée. Le Portugal dispose d’un avantage absolu sur le vin et la Grande-Bretagne sur les draps. Toutefois, Ricardo se pose la question des pays qui ne disposent d’aucun avantage, c’est-à-dire qui seraient moins bon dans toutes les productions qu’un autre pays. Il introduit alors la notion d’avantage comparatif. Ainsi, si l’Angleterre produit 100 mètres de draps et 120 litres de vin par heure, et que le Portugal n’est qu’à 90 mètres de draps et 80 litres par heure, alors le Portugal n’a aucun avantage. Ricardo montre cependant que le Portugal a intérêt à se spécialiser là où il est le moins mauvais, et l’Angleterre à se spécialiser là où elle est la meilleure. En l’occurrence, le Portugal produira les draps et l’Angleterre le vin. John Stuart Mill explique que le prix pratiqué dans ces échanges internationaux est en fait le résultat de la confrontation de l’offre et de la demande en termes de prix relatif (le litre de vin exprimé en mètres de draps).