Tous les analystes s’accordent pour affirmer que la Fed va décider, dans les 48 heures, de mettre en place un programme de rachats d’actifs afin d’encourager les dépenses de consommation et d’aider la croissance économique américaine à redémarrer plus rapidement.
En recourant à la planche à billets et en innondant le marché de dollars, Bernanke escompte pouvoir faire baisser le chômage qui reste à un niveau anormalement élevé en période de reprise, à 9.6%. Epine dans le pied pour la Maison Blanche en cette période d’élections, le chômage est aussi une épine magistrale pour la Fed qui redoute qu’une grosse partie de ce chômage soit désormais structurel.
Nul ne sait encore sur combien portera le nouveau programme de rachat d’actifs mais tout le monde spécule. Bank of America s’attend à 1 trillion de dollars tandis que Goldman Sachs voit plus grand, avec 2 trillion de dollars. Cependant, il convient de rester prudent. Considérant les affirmations du WSJ selon lesquels le programme ne pourrait porter que sur plusieurs centaines de milliards de dollars, les analystes tentent à souligner qu’il ne faut pas trop attendre de la Fed.
Pour autant, une majorité de membres de la Fed, à l’image du président de la Fed de New York, Willian Dudley, se prononce en faveur de mesures énergiques, considérant le taux de chômage comme « inacceptable ».
Certes, quelques voix se font entrendre, comme celles de Charles Plosser ou de Richard Fisher, deux membres de la Fed qui n’ont pas le droit de vote cette année. Le premier a rappelé que le taux de chômage ne doit pas devenir l’étalon de la politique monétaire américaine et a mis en garde contre une hausse de l’inflation difficile à maîtriser tandis que le second a souligné que la banque centrale doit absolument se préoccuper des effets sur le dollar d’un nouveau cycle d’assouplissement quantitatif.
Ce nouveau cycle devra justement pousser le dollar à la baisse tandis que les prix des matières premières, notamment de l’or ou du pétrole, vont continuer à grimper, au risque de créer une nouvelle bulle. Si la taille du programme est plus importante que prévu, les marchés actions pourraient même en profiter pour se refaire une santé.
Les dangers de la politique monétaire américaine sont évidents. Un nouveau cycle d’assouplissement risque, comme l’a rappelé le FMI, de destabiliser les finances globales et de conduire à des réévaluations ou dévaluations dans plusieurs pays. Les pays membres du Conseil de Coopération du Golfe, dont les devises sont indexées au billet vert, ont déjà annoncé une probable réévaluation. La Banque du Japon, quant à elle, se tient en embuscade.