A l’occasion du dernier Sommet européen de Bruxelles, le président Nicolas Sarkozy s’était félicité que le chapitre de la crise financière était enfin terminé. A en juger par les propos d’anciens et d’actuels responsables de la BCE, au premier rang desquels Jean Claude Trichet, le président français a certainement parlé trop vite, alors que la campagne électorale française brouille les signaux.
Les dernières émissions obligataires, notamment pour l’Italie, ont effectivement souligné que l’inquiétude des investisseurs n’est plus. Pour autant, qui aurait encore pu prévoir en juillet dernier, que les taux de l’Italie allaient monter en quelques semaines à plus de 6%. Personne. C’est pourquoi certains spécialistes, ayant appris des derniers remous financiers, considèrent que nous sommes entrés dans une période de calme avant la tempête.
Cette tempête pourrait provenir une nouvelle fois de l’Espagne qui est sous pression européenne depuis des semaines pour qu’elle respecte ses engagements en matière de diminution des déficits. Parmi les tenants de cette thèse, Willem Buiter, l’un des principaux économistes de la Citi qui a eu le privilège par le passé de siéger au sein du Comité de Politique Monétaire de la Banque d’Angleterre.
Selon cet économiste, au cours de cette année, est le risque est très élevé pour que l’Espagne fasse appel à l’aide de la Troïka comme l’ont fait par le passé la Grèce, l’Irlande et le Portugal. Bien que l’optimisme soit plutôt de mise de plusieurs semaines sur les marchés financiers, le risque que l’Espagne doive restructurer sa dette n’a jamais été aussi haut, à encore Willem Buiter.
La seule éventualité qui pourrait empêcher ce scénario de se réaliser serait que la Banque Centrale Européenne décide d’apporter son soutien à la dette espagnole et aussi aux banques du pays, notamment aux Caisses régionales, qui depuis plus de deux ans font l’objet d’inquiétudes croissantes.
Le problème, c’est qu’à en juger par les récents propos de plusieurs membres du Conseil des gouverneurs, la BCE discuterait plutôt de l’opportunité de se désengager de ses mesures exceptionnelles prises au plus fort de la crise, notamment vis à vis des banques européennes, surtout si la stabilité des prix est en jeu. Cependant, le débat risque d’être animé à ce sujet puisque certains membres, comme Christian Noyer, de la BdF, sont plutôt sceptiques à ce sujet.
Concrètement, une demande officielle d’aide de Madrid à l’Europe aurait des effets dévastateurs sur le marché des changes avec un repli massif sur les valeurs refuge comme le dollar et le yen. Des actifs jugés à risque, comme le dollar australien qui est déjà pénalisé par le ralentissement de l’économie chinoise, seraient les plus touchés. En revanche, l’euro, comme au plus fort de la crise, pourrait résister dans une bande de fluctuation comprise entre 1.25 et 1.30.