Le broker Crown Forex a cessé ses activités il y a quelques mois, mis en liquidation forcée par la Finma, l’autorité de régulation helvétique. Cette liquidation avait pris de court les investisseurs mais aussi le marché. En effet, en règle générale, les brokers implantés en Suisse ont une excellente réputation et sont soumis à une réglementation très stricte qui rassure les investisseurs. Toutefois, la mésaventure Refco souligne à quel point aucun investisseur n’est à l’abri.
Depuis quelques semaines, la presse helvétique étale dans ses colonnes les détails de l’affaire « Crown Forex », du nom du broker implanté à Bassecourt, en Suisse, depuis septembre 2007. Crown Forex et une autre société de courtage, JDFX, installée à Zurich, sont impliquées dans une affaire de fraude qui est, en ce moment, jugée aux Etats-Unis. Deux américains, Trevor Cook, un financier âgé de 37 ans et son coreligionnaire Pat Kiley, animateur de radio sur un réseau de chaînes chrétiennes sont accusés par les autorités américaines d’avoir monté une fraude à la Ponzi estimée à plus de 190 millions de dollars. Plus d’un millier de petits investisseurs auraient été ainsi floués.
D’après la SEC, ces deux hommes auraient transféré des dizaines de millions de dollars sur des comptes de Crown Forex et de JDFX, sommes qui se seraient depuis evanouies dans la nature. Non seulement les autorités suisses mais aussi les deux administrateurs suisses choisis et les cabinets d’audit Pricewaterhouse Coopers et KPMG auraient été également bernés par les deux compères.
Cette fraude a couru jusqu’au début de l’année 2009, après des plaintes de plusieurs clients dont les comptes avaient mystérieusement disparus. Suite à ces plaintes, la Finma a mené une enquête qui a relevé de nombreuses irrégularités et conduit à la liquidation forcée de Crown Forex, liquidation effective depuis le 19 mai dernier.
Dans cette affaire, plus d’un millier d’investisseurs ont perdu leur capitaux dans une fraude à la Ponzi, déjà utilisé par Madoff. Selon les liquidateurs de la société de courtage, il y a peu de chances que les investisseurs soient indemnisés. Ils se retrouvent donc dépourvus face à la justice.
Depuis un peu plus d’un an, les autorités suisses ont décidé d’obliger les brokers du forex à faire la demande d’une licence bancaire, processus qui est actuellement en cours, et qui devrait à terme mieux protéger les investisseurs. En effet, des possibilités de recours et d’indemnisation sont en place pour les établissements financiers dotés d’une licence bancaire, comme c’est d’ailleurs le cas en France.