La crise grecque est révélatrice, à maints égards, des faiblesses intrinsèques à la construction européenne sur le plan économique. Au plus fort de la crise des subprimes, de nombreux gouvernements européens, dont le gouvernement Fillon, avaient milité en faveur de la création d’une sorte de gouvernement économique de la zone euro , idée depuis tombée dans les oubliettes de l’histoire. La reprise aidant, les bonnes intentions qui ont émergé pendant la crise sont désormais caduques.
Cependant, la crise grecque, conséquence indirecte de la crise des subprimes, a remis sur le devant de la scène les faiblesses inhérentes à la construction de l’Europe de Schuman. La chute vertigineuse de la monnaie unique européenne sur le marché des changes n’est en fait que le symptôme d’un mal plus profond.
Sans être un fervent partisan de l’approfondissement de la construction européenne, force est de constater que la création d’une zone monétaire unifiée nécessite beaucoup plus que la création d’une banque centrale dite européenne. En effet, sans unification politique, le projet européen ne rassure pas, surtout en temps de crise.
Les récents développement dus à Lisbonne ont plutôt souligné aux yeux du monde entier les nombreuses incohérences de la construction politique de l’Europe du XXIème siècle : volonté d’être un poids lourd international pouvant dialoguer d’égal à égal avec les Etats-Unis et la Chine grâce à une construction politique originale qui rencontre l’hostilité des gouvernements nationaux, artisans principaux de la construction, qui rechignent à lâcher trop de prérogatives au profit du supranational.
Les américains qui, par la voix par exemple de l’économiste Joseph Stiglitz , ont évoqué depuis quelques semaines le risque de disparition de la monnaie unique européenne n’ont pas totalement tort. Ils n’ont certes jamais vraiment compris l’euro et, lorsqu’il fut prouvé que l’initiative était une réussite, ils en furent les premiers surpris. Pour autant, en dépit de nombreuses critiques infondées dues certainement à une incompréhension intrinsèque à la relation transatlantique, les américains ont eu raison de pointer du doigt l’absence de pouvoir politique sur lequel la construction économique de l’Europe peut se reposer.
Lisbonne, en dépit des bonnes intentions du texte, apparait comme une coquille vide dans la pratique. Le fameux nouveau président européen ne joue pas dans la cour des grands et ne peut pas prétendre côtoyer Obama ou Poutine sans sembler ridicule, n’ayant aucune structure sur laquelle il peut exercer réellement son pouvoir.
L’euro est incontestablement une belle initiative mais la crise grecque a souligné de manière explicite les faiblesses de la monnaie unique. Les responsables européens le savent depuis longtemps : sans pouvoir politique européen, la crédibilité de l’euro est entamée.