Telle est la question qui taraudait les analystes du marché des changes en fin de semaine dernière. En dépit des mouvements qui ont pu affecter la monnaie unique européenne, en particulier un début de semaine en légère baisse face au dollar et au yen, la devise de la zone euro s’est nettement maintenue face au dollar sur le marché des changes.
L’euro fut particulièrement soutenu dans sa progression par l’indice le plus attendu de la semaine : l’indice Ifo. Contrairement aux attentes, l’indice Ifo a affiché une hausse surprise pour le mois de mai, en s’établissant à 103,5 points, contre 102,4 points le mois précédent. Cette hausse de l’indice Ifo s’inscrit dans la droite ligne des bonnes statistiques concernant la croissance outre-Rhin. La progression de la monnaie unique européenne sur le Forex s’explique par la reprise de la confiance dans les perspectives économiques dans la zone euro, qui a pour effet de soutenir la devise européenne. En effet, avec une croissance qui est moins mauvaise que prévu et un tassement de l’inflation, la stratégie, tant décriée, en particulier par la France, de la BCE semble payer.
Au contraire, le dollar souffre d’une perte de confiance, après avoir connu une phase de reprise passagère. Cette perte de confiance est alimentée d’une part par le retour de la confiance dans l’euro et, d’autre part, par l’incertitude entourant l’action de la Fed alors que les Etats-Unis sont en prises avec une hausse vertigineuse des prix du baril de pétrole et un ralentissement de la croissance. Ainsi, en dépit des propos d’Henry Paulson soulignant que les Etats-Unis sont en faveur d’une politique du dollar fort, le dollar s’est affiché en baisse face à l’euro et aux valeurs refuges, telles que le yen et le franc suisse (voir éditorial de vendredi).
A l’instar du dollar canadien, le dollar australien devrait d’ailleurs atteindre prochainement la parité avec le dollar américain sur le Forex. En effet, le dollar australien a atteint le 22 mai son plus haut niveau face au dollar américain depuis 1983, année lors de laquelle le taux de change du dollar australien a été décroché de celui du dollar américain. Le précédent record du dollar australien datait du 16 mars 1984.
Enfin, le yen n’a pas connu de mouvements particuliers après la décision largement attendue de la Banque du Japon par le marché des devises. Comme prévu, le statu quo a une nouvelle fois été privilégié bien que, d’un point de vue purement économique, la faiblesse de l’épargne au Japon pose un problème important pour le pays. Paralysé par une crise politique, le Japon ne parvient toujours pas à adopter les réformes nécessaires pour remettre l’économie sur de bons rails, bien que le Japon ait connu une croissance du PIB au premier trimestre meilleure que prévu.