Il est en effet toujours plus aisé de faire un bilan de l’année passée que d’avancer des perspectives pour l’année suivante. Un regard a posteriori montre souvent à quel point les perspectives énoncées étaient alors erronées. Toutefois, il est toujours intéressant de se prêter à cet exercice intellectuel et, même si, par définition, les day-traders ne se positionnent pas sur le long terme, il est toujours utile d’envisager les évolutions du cours des devises du marché des changes sur une période plus longue.
I. Bilan de l’année 2008 sur le marché des changes
Avant de s’aventurer à envisager les perspectives pour l’année 2009, il faut se prêter à l’exercice qui consiste à faire un bilan de l’année passée. L’année 2008 fut en effet plutôt chargée en matière d’actualité sur le marché des devises. La crise des subprimes, qui a évolué vers une récession dans la plupart des pays industrialisés, a marqué de son empreinte l’activité de trading sur le Forex. Le fait majeur fut le décrochage spectaculaire au printemps dernier du dollar face à la monnaie unique européenne, l’euro allant jusqu’à évoluer au-dessus du sommet historique de 1,60 dollar.
Cependant, l’approfondissement de la crise et sa propagation à la zone euro a de nouveau changé la donne à la rentrée. En effet, la baisse du prix des matières premières, notamment du baril de pétrole, et le climat d’incertitude sur le marché ont favorisé une remontée du dollar face aux principales devises du fait de son statut de valeur refuge. Outre le dollar, le yen a aussi beaucoup profité de ce climat d’incertitude parmi les cambistes.
La crise a évidemment atteint la plupart des devises du marché des changes mais certaines ont été plus touchées que d’autres. La plupart des devises émergentes, que ce soit le florin hongrois, le rand sud africain ou le real brésilien, qui ont d’abord profité de la crise, ont essuyé un violent revers dès septembre, les poussant au tapis. Les devises particulièrement liées au cours des matières premières, comme le dollar canadien, le dollar néo-zélandais et le dollar australien, ont également subi de plein fouet la baisse du coût des matières premières et ont perdu leur statut de chouchou du marché des changes, notamment dans le cas des stratégies de carry trade.
La livre sterling devrait entamer l’année prochaine dans un climat de grande incertitude. Parmi toutes les devises du marché des changes, c’est certainement celle qui devrait sortir de la crise la plus sinistrée. Pour la première fois de son histoire, la probabilité d’une parité entre la livre sterling et l’euro est évoquée et pourrait, si la tendance se poursuit sur le marché des changes, intervenir dans les premières semaines de janvier.
Enfin, la stratégie des banques centrales a beaucoup évolué sur la période. Certaines banques centrales, comme la Réserve Fédérale, ont rapidement enclenché un cycle d’assouplissement monétaire tandis que d’autres, comme la BCE, ont été plus réticentes à s’aventurer dans cette voie, en raison des tensions inflationnistes. Cependant, face à la crise, même la BCE a été contrainte de revoir sa note pour enclencher une politique de baisse des taux qui reflète la politique monétaire actuelle de presque tous les instituts d’émission. A la fin de l’année, le rendement de la plupart des devises a beaucoup chuté, certains cambistes n’hésitant plus à évoquer la possibilité de taux zéro depuis la décision de la Fed de faire évoluer le dollar dans une marge de fluctuation comprise entre 0 et 0,25%. La Banque d’Angleterre pourrait suivre cette voie également, accentuant le différentiel de taux de part et d’autre de la Manche.
II. Perspectives pour l’année 2009 sur le marché des changes
D’après Saxo Banque, les tendances constatées en cette fin d’année devraient se poursuivre en 2009. La baisse du prix des matières premières devrait se poursuivre et pourrait créer des troubles, notamment en Iran, ce qui risquerait d’accentuer un discours belliciste de Téhéran vis-à-vis d’Israël et donc d’avoir un impact sur les marchés. Les devises fortement ancrées au cours des matières premières devraient continuer leur chute, le cross AUD/JPY devrait notamment dégringoler à 40. De même, les devises d’Europe de l’Est, comme le florin hongrois ou la couronne tchèque, qui sont indexées ou semi indexées à l’euro, devraient poursuivre leur chute sur le marché des changes.
L’Union Européenne pourrait être amenée à adopter une politique moins souple vis-à-vis des Etats membres en matière de déficit budgétaire ce qui pourrait peser notamment sur le sort de l’Italie. Le cross EUR/USD devrait tomber à 0,95 avant de remonter à 1,30, son niveau actuel, sous le poids de la crise en zone euro.
Enfin, en dépit de possibles troubles sociaux liés à une diminution de la croissance, de nombreux pays asiatiques devraient se tourner encore davantage vers le Chine, afin de limiter leur exposition aux risques vis-à-vis des Etats-Unis.