Rappelez-vous : la semaine dernière, en plein regain d’aversion pour le risque sous l’effet des chiffres du PIB britannique et de la chute des bourses, le dollar avait connu face à l’euro un plus bas depuis quatorze mois, à 1,5063. Cette chute avait été provoquée par l’annonce dans un journal dépendant de la banque centrale chinoise de la volonté de Pékin de diversifier ses réserves en achetant des yens et des euros, sans toutefois toucher au statut de référence du dollar.
En fait, quelques jours après, il semblerait que la panique provoquée par cet article n’avait aucune raison d’être. En effet, son auteur, Zhou Hai, chef de division au département de la recherche financière de la succursale de la banque centrale de Chine à Harbin, a affirmé dans un communiqué que cet article n’exprimait « que des opinions purement personnelles ». A l’origine, il devait rester confidentiel et ne pas être diffusé aux marchés.
Ainsi, cette anecdote insolite confirme la théorie de « l’effet papillon » du métérologue américain Edward Lorenz. En 1972, il tient une conférence remarquée à l’American Association for the Advancement of Science intitulée « Prédictibilité : le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas? ». Depuis, sa théorie a été largement vulgarisée et essaimée.
Il semblerait qu’elle se confirme encore une nouvelle fois lors de cet épisode : un obscur économiste d’une province reculée de Chine a réussi à faire trembler le marché des changes et à avoir plus d’ascendant sur le cours des devises que les dirigeants des principales banques centrales, Ben Bernanke et Jean Claude Trichet.
Cette anecdote ne remet évidemment pas en question la volonté de Pékin de se prémunir contre une chute du dollar en diversifiant ses réserves. Toutefois, elle met en lumière la nécessité, pour les agences de presse, de vérifier les informations qu’elles diffusent au monde entier.