La presse mondiale a largement couvert la publication d’un rapport écrit par Neil Barofsky, inspecteur indépendant du plan public de sauvetage de la finance. Ce rapport a bénéficié d’une telle couverture car il a souligné que, même si les Etats-Unis ont réussi de justesse à éviter de tomber dans le « ravin en 2008 », une nouvelle crise financière similaire risque d’éclater dans les prochaines années si aucune réforme n’est mise en oeuvre.
Cette crise serait, une nouvelle fois, provoquée par une bulle des prix de l’immobilier et les risques démesurés pris par les banques. A l’heure actuelle, aucun des deux problèmes fondamentaux n’ayant conduit à la crise économique mondiale n’ont été résolu, en dépit des effets d’annonce des gouvernements. Non seulement une nouvelle bulle des prix de l’immobilier risque de voir le jour en raison des efforts du gouvernement pour sauver le secteur mais, en plus, les banques continuent avec le retour de la croissance à prendre des risques.
Certes, le gouvernement américain a récemment annoncé une réforme du secteur bancaire, réforme qui a provoqué le mécontentement des banques de Wall Street. Cette réforme prévoit notamment de réduire les risques pris par les banques. Si la décision de l’administration Obama a été saluée unanimement par les responsables politiques mondiaux (notamment le président Sarkozy et le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mervyn King), elle risque toutefois d’affronter une fronte au Congrès américain. En effet, les responsables républicains sont peu favorables à un renforcement de la régulation du secteur bancaire. Un couac pourrait donc se produire au Sénat, où les démocrates ont récemment essuyé une défaite cuisante.
Le lobby de Wall Street est encore très puissant à Washington. Bien que l’opinion publique ne cache pas son dégoût des excès de Wall Street et des traders, le gouvernement reste impuissant face à cette machine aux moyens financiers presque illimités. Obama fut d’ailleurs totalement incapable d’empêcher les grandes banques d’affaires de Wall Street, dont la firme Goldman Sachs, de verser des bonus énormes à leurs traders en pleine hausse du chômage.
Un certain sentiment d’impunité semble encore subsister outre-Atlantique. Le rapport de Neil Barofsky souligne d’ailleurs à juste titre que ce sentiment s’est renforcé du fait de la crise économique. Nombreuses sont les banques qui ont fait faillite en 2009 mais nombreuses sont aussi celles qui ont augmenté considérablement de taille au gré des fusions acquisitions dans le secteur. Désormais, les banques trop grandes pour faire faillite, qui ont crû en nombre, sont « plus convaincues que jamais que l’Etat interviendra » si elles sont menacées. Elles peuvent continuer, en théorie, à prendre des risques sans être réellement inquiétées.