La banque centrale suisse s’est dotée récemment d’un nouveau président en la personne de Philipp Hildebrand. Ce dernier, lors de l’une de ses premières interventions, a annoncé sa volonté de poursuivre la politique de son prédécesseur en tentant de limiter autant que possible l’appréciation du franc suisse face à la monnaie unique européenne. Il n’a toutefois pas précisé de plancher à partir duquel la banque centrale se verra obliger d’intervenir. Toutefois, depuis plusieurs mois, des rumeurs d’intervention de l’institut d’émission circulent sur le marché des changes.
La dernière intervention de très grande ampleur de la BNS remonte à mars 2009. La banque centrale s’était alors engagée dans une véritable guerre des nerfs avec le marché afin de limiter l’appréciation de la devise nationale. Depuis, les analystes du forex s’attendent à une nouvelle intervention massive.
Pour l’instant, le franc suisse évolue dans une fourchette comprise entre 1,47 et 1,48 franc suisse pour un euro. Cependant, les analystes s’attendent à ce que l’appréciation du franc suisse se poursuive, pénalisant au passage les industries exportatrices de la confédération helvétique. Plusieurs arguments plaident en faveur de cette tendance haussière du franc suisse. D’abord, contrairement à d’autres pays et notamment à la zone euro, la Suisse s’est plutôt bien sortie de la crise économique mondiale. Les experts s’attendent d’ailleurs à ce que la banque centrale relève prochainement ses taux, ce qui rendrait encore plus attractif le franc suisse par rapport à l’euro. De plus, la zone euro continue de subir de plein fouet la crise ce qui hypothèque durablement la capacité de rebond de la monnaie unique européenne. La situation financière et économique désastreuse de la Grèce, et dans une moindre mesure du Portugal, continue de peser sur le taux de change de l’euro tandis que la BCE projette a priori de laisser son principal taux d’intérêt à 1% pendant encore une partie de l’année.
Dans ce contexte, ce n’est pas tant l’appréciation du franc suisse qui pose problème puisque cette appréciation semble inévitable. En fait, la banque centrale cherche surtout à contrôler cette appréciation et pourrait éventuellement intervenir sur le marché des changes afin qu’elle ne soit pas trop brusque. Pourtant, la BNS, selon l’avis de nombreux analystes, ne devrait pas tarder car, plus elle attend, plus l’impact d’une intervention sur le marché des changes pourrait être limité.