Les décisionnaires de Pékin vont pouvoir s’offrir une semaine de congés grâce aux fêtes traditionnelles fixées à l’occasion du nouvel an chinois. Après ce court intermède, ils devront de nouveau faire face à la piteuse réalité économique dans laquelle le pays est plongé depuis l’été dernier.
Toutes les mesures politiques inimaginables ont été mises en œuvre afin de stopper la fuite des capitaux qui est en train de plonger le pays dans une de ses pires crises monétaires depuis sa création. La Banque populaire de Chine a récemment été contrainte d’admettre l’état catastrophique de ses stocks de devises qui ne cessent de se vider depuis 2014, à l’époque ou le niveau atteint le record négatif de 3,99 $ billions. Effectivement, depuis Janvier, le contenu des caisses est passé de 99,5 $ milliards à 3,23 $ billions.
Les dévaluations répétées du Yuan, censées contrecarrer l’impact d’un dollar qu’on n’avait pas vu si robuste depuis de longues années, ont provoqué une fuite massive des capitaux liquides. Face à cette situation critique, la Banque centrale chinoise a été forcée de s’impliquer plus encore dans le libre cours du marché monétaire, dans l’espoir de freiner l’expatriation catastrophique des devises étrangères, si cruciales au commerce interne qui sans liquidité, se retrouvera dans l’incapacité de fonctionner et menacera le pays d’une rétrogression douloureuse.
Les nombreuses initiatives d’intervention, le recours abusif à l’utilisation de la planche à billets et le resserrement des mesures administratives supposées contrôler la circulation des capitaux ont fait chou blanc. Pire encore, ces interventions successives ont chasser tout sentiment de confiance au sein des marchés et des investisseurs, alors que l’économie chinoise se trouve en pleine période de transition, supposée la soulager de l’asservissement au secteur des exportations et lui permettre de transiter vers un modèle mixte, orienté davantage sur la consommation.
Ces sept derniers mois de lutte acharnée ont couté cher au gouvernement, forcé d’avouer l’évanouissement considérable des devises, soit 513 milliards de dollar en 2015 uniquement. Cette volatilisation monétaire met en lumière la complexité pour les navigateurs économiques de manœuvrer le gigantesque paquebot chinois, entre les nombreux écueils mettant en péril la croissance, l’emploi et la compétitivité commerciale de la superpuissance mondiale.
Le montant des réserves en devises chute déjà en dessous du seuil inférieur à 2,7 $ billions, considéré comme la limite minimale nécessaire afin de maintenir la fixation du taux de change et faire tourner les rouages du commerce. Malgré tout, face à l’échec rencontré par toutes ses tentatives de rééquilibrer la balance commerciale et l’ensemble du système économique, la Banque Centrale de Chine va devoir, une fois encore, dévaluer le Yuan et prier pour que la nouvelle année lunaire soit plus propice à son égard.