Afin de soutenir le commerce et de stabiliser les marchés financiers, la banque centrale chinoise a annoncé lundi avoir signé avec l’Indonésie un accord de swap de devises pour un montant de 100 milliards de yuans.
Cet accord n’est en fait pas anodin, au-delà des aspects purement commerciaux évoqués dans le communiqué de la banque centrale. En effet, la Chine escompte élever le yuan au rang de devise régionale au moment où le rôle du dollar est de plus en plus contesté. Pour l’instant, le yuan n’est pas convertible librement mais, dès décembre, la Chine avait annoncé son intention de permettre au yuan d’être utilisé pour les transactions avec Hong Kong, qui est son principal partenaire commercial, et à terme avec les dix pays membres de l’ASEAN.
Le jour même où le Secrétaire au Trésor américain présentait son plan destiné à débarrasser les banques américaines de leurs actifs toxiques, la Chine a joué sur deux tableaux, n’omettant pas de rappeler son souhait de mettre en chantier une refonte du système monétaire global.
En effet, d’un côté, par la voie du directeur de la State Administration of Foreign Exchange, Hu Xiaolian, la Chine a rappelé son intention de poursuivre l’achat de bons du Trésor américain, en dépit des inquiétudes liées à la solvabilité des Etats-Unis. De l’autre côté, par la voie du gouverneur de la banque centrale, Zhou Xiaochuan, la Chine a invité la communauté internationale à repenser le système monétaire, prenant fait que le dollar ne peut plus servir de monnaie de réserve internationale à lui seul. La banque centrale a notamment évoqué la piste des droits de tirage spéciaux, instrument monétaire créé en 1969 par le FMI, comme éventuelle monnaie de référence.
Le discours chinois, qui n’est pas nouveau et fait écho d’une certaine manière au discours américain sur le taux de change inadapté du yuan, relève plus d’une posture aux yeux des observateurs avisés. La Chine semble en effet mettre en jeu dans la balance une réorganisation du système monétaire en échange de la poursuite d’achats de bons du Trésor américain, ce qui permet d’alimenter l’endettement des Etats-Unis.
Toutefois, la Chine n’est pas crédible car, même si les craintes exprimées quant à la sécurité des actifs placés aux Etats-Unis peuvent être légitimes, il n’est nullement question d’un désengagement pour la simple et bonne raison que, si la Chine n’achète plus de dollars, elle n’aura rien d’autre à acheter.
Selon plusieurs sources, la Chine serait en train de se délester de ses dollars en les transférant à des fonds qui achètent des ressources minières et pétrolières. Bien que la présence de la Chine dans le secteur des matières premières soit imposante puisque d’après le cabinet Deloitte, près de 500 milliards de dollars seraient mobilisées par exemple pour acheter des mines, une telle solution a ses limites.
Ainsi, certains suggèrent qu’à renfort de plans de relance domestique, la Chine, qui envisagerait un second plan, pourrait limiter son exposition au dollar tout en aidant la population à surmonter une crise économique qui est potentiellement facteur d’agitation sociale.