Pour commenter ce bref reportage, Jacques Attali, une figure très connue du public français depuis de nombreuses années, était invité. Président de Planet France, il sort dans quelques semaines un livre très intéressant sur la dette publique française intitulé Tous ruinés dans dix ans ?.
Comme il l’a fait remarquer au cours de cette interview, les chiffres en fait de la Grèce ne sont pas bien pires que ceux de très nombreux autres pays européens, d’où d’ailleurs le sentiment de psychose sur les places financières tout au long de la semaine. En fait, les responsables politiques européens savaient très bien que les chiffres grecs étaient manipulés depuis des années mais ils n’ont rien fait car de telles manipulations sont monnaie courante. La seule différence, c’est qu’en Grèce, elles se sont faites à une ampleur très importante. Comme l’a souligné Jacques Attali, le budget est «une structure de mensonge », c’est-à-dire que les chiffres sont manipulables et généralement manipulés.
Le sort actuel de la zone euro rappelle, d’une certaine manière, ce qui s’est produit en 1982-83 lorsque le Mexique a fait faillite, puis le Brésil et plus de 32 autres pays. Aujourd’hui, la principale différence, c’est qu’un tel risque de faillite ne concerne plus les pays du Sud, qui n’ont presque plus de dette à l’exception de l’Inde, mais les pays de l’OCDE qui ont fait semblant d’être toujours aussi riches en s’endettant pendant plus de vingt ans.
Pour Jacques Attali, il n’existe pas de très nombreuses solutions pour sortir de la crise grecque et éviter une contagion à d’autres pays. Sept solutions sont avancées :
– La croissance, qui est difficilement possible de nos jours en Europe
– L’inflation qui n’est pas très efficace au regard du coût social et politique
– La baisse des taux d’intérêt ce qui parait exclu vu les taux à l’heure actuelle
– La hausse des impôts, qui sera difficile notamment en France car l’impôt est très injuste mais le gouvernement ne pourra pas éviter une telle mesure bien longtemps
– Réduire les dépenses
– Le moratoire
– Trouver quelqu’un d’autre pour pays à la place du pays défaillant, c’est ce qui se fait en Grèce
– La guerre
Pour Jacques Attali, la meilleure solution pour les pays européens serait de franchir rapidement un nouveau seuil dans l’intégration en créant un budget européen ce qui aurait pour effet de déléguer une partie de la dette des pays européens à l’Europe qui pourrait se financer à des taux très avantageux sur les marchés. Une telle mesure pourrait permettre de réduire les déficits des uns et des autres.
Selon Jacques Attali, une éventuelle fin de l’euro n’est pas totalement exclue, pour reprendre les propos de l’économiste américain Joseph Stiglitz. En effet, si la crise continue, un moratoire est envisageable et la fin de la monnaie unique européenne soit parce que les allemands auront décidé d’arrêter de vouloir payer pour les autres soit parce que de trop nombreux pays se seront retirés de la zone euro.
Un point de vue particulièrement intéressant du président de Planet France sur la crise grecque et la question des déficits en Europe.