La crise économique et financière mondiale a mis en lumière les nombreuses fragilités du système financier américain dont le succès dans les années 80 a poussé le monde entier à se conformer aux règles et à la mentalité américaine.
Cependant, ce système est maintenant en lambeau, les Etats-Unis ayant même été contraints, comble du comble, de «nationaliser » certains établissements afin d’éviter un risque systémique. Maintenant que le plus fort de la crise est derrière nous et que les bonnes habitudes de Wall Street ont reprises, les responsables politiques américains ont décidé de s’attaquer à la tâche très difficile de mieux réguler le secteur financier américain. Barack Obama, qui est l’artisan de cette réforme, n’est pas à louer pour autant. Aucun président ne pouvait ne pas agir.
La réforme qui a été récemment présentée pour le secteur bancaire met au centre du système la Réserve Fédérale, une institution critiquée mais qui a prouvé son rôle essentiel à maintes reprises depuis 2008. Cependant, réformer le système bancaire est certes une bonne chose mais s’attaquer aux racines du mal serait certainement une meilleure chose encore. Les racines du mal, c’est la finance virtuelle. Cette finance qui, complexe, créé chaque mois de nouveaux instruments financiers dont l’utilité et le fonctionnement sont souvent difficiles à appréhender, même pour ceux qui sont chargés de les vendre. Deux critères sont toujours mis en avant : la prise de risque et le rendement.
Au cœur de cette finance virtuelle se trouvent deux établissements qui ont défrayé la chronique aux Etats-Unis au plus fort de la crise : Fannie Mae et Freddie Mac. Ces deux agences fédérales, sauvées par Washington, ont fait la Une des journaux au moment de leur sauvetage mais, depuis, plus un mot sur elles. Pourtant, elles sont clairement à l’origine de la crise. Peu réglementées, elles ont été créées outre-Atlantique en 1916 afin de stimuler les crédits vers certains secteurs de l’économie américaine. Cependant, deux problèmes apparaissent : elles sont peu réglementées, comme nous venons de le dire, mais surtout, en cas de difficultés, elles n’ont pas accès à la banque centrale américaine pour avoir des prêts.
Surtout, ces deux entreprises se sont spécialisées dans le rachat d’actifs déjà titrisés ou de CDO déjà mis en place. De tels produits ont été abondamment utilisé lors des dernières années par les grandes banques d’affaires de Wall Street telles que Lehman Brothers, dont tout le monde connait le sort, ou encore Goldman Sachs. Ainsi, ce n’est pas seulement le secteur bancaire qui est à l’origine de la crise mais aussi cette finance virtuelle au cœur de laquelle se trouvent Fannie Mae et Freddie Mac. Une réforme du secteur bancaire est certes nécessaire mais une meilleure réglementation de ces deux mastodontes s’impose afin de renforcer le capitalisme américain.